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GAINSBOROUGH.

conçoit autrement, voit autrement, ressent autrement ; est-il moins veridique pour cela ! Les héros et les he’roïnes du Mariage à la mode poseront dans latelier de Gainsborough ; c’est eux et elles qui, au moment où la faveur royale aura fait de lui, malgré l’éclatante renommée de Reynolds, le peintre le plus recherché de la haute société anglaise, se presseront à la porte de Schomberg" Ilouse et qu’il fera éconduire par son valet. Des imag"es, si diverses à tous les points de vue, qu’Hogarth etGainsborougli nous ont léguées de 1 hiunanilé de leur époque, laijufllr est la plus fidèle ? Qui oserait en décider ? Elles le sont également, ce (]ui prouve une fois de plus (jue la vérité, en art comme eu Idutes choses, est multiple et sug’g-estive : sachons jouir de la vt’rilé llogarth et de la vérité Gainsboroug’h.

Il est de sa race ; on ne découvre en lui aucune trace de cosmopolitisme ; il est possédé par cet amour delà vi-rité qui est un des traits dominants du caractère anglo-saxon. Il passe toute sa vie en Angleterre, toute sa jeunesse, à part ses (jualre années d"études à Londres, à la campagne et la plus i:i’auile partie de son existence en province.

Il a peu dambitions, extérieures du moins ; il ne cherche pas à se produire, à paraître, pas plus personnellement qu’artistiquement. Il n’y a chez lui, jamais, nisuperfétation, ni redondance ; pas plus dans ses gestes que dans les gestes de ses modèles, il ne veut admettre le conventionnel, le théâtral; il ne vise qu’au naturel et à l’expressif par l’observation directe, immédiate et la traduction franche,