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GUIGNOL.

J’aimerais mieux qu’il soye vieux.

ANTOINE.

Voulez-vous du vin de Champagne ?

GUIGNOL.

Du vin de campagne ! Bien sûr que je veux pas de vin que se fait dans la boutique de l’espicier.

ANTOINE.

Vous ne voulez pas du vin du crû ?

GUIGNOL.

Te veux dire de vin de Brindas ! Non, non ; un bon Beaujolais… comme disait le père Berlingard quand il criait le vin du cabaretier. (Il imite l’annonce du crieur.) On vous fait à savoir qu’y est arrivé hier-z-au soir, au cabaret du Canon d’or, une bareille de bon beaujolais à quatre sous le pot. Allez-y, allez-y ; on vient d’y mettre le robinet. — Puis il buvait à la bouteille qu’il avait à la main, & il criait : Ah ! qu’il est bon[1] !

  1. Guignol décrit ici une scène dont les anciens quartiers de Lyon ont gardé le souvenir. Les cabaretiers avaient l’usage de faire crier leur vins. Le crieur portait avec lui dans sa tournée un échantillon de la marchandise ; il y tâtait fréquemment & notamment après chaque annonce. Il manifestait ensuite vivement sa satisfaction, & les jeunes gones du quartier, qui l’accompagnaient s’écriaient en chœur avec lui : Ah ! qu’il est bon ! — Voir, sur le père Berlingard, la note T. I, p. 274, le Marchand de picarlats.