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Origine de « Redonas. » — Les formes Redones, Lingones, Santones, Namnetes, etc., qui prennent les inflexions de la 3e déclinaison latine, se sont, à une certaine époque, bifurquées dans la 1re déclinaison ; mais, dans ce passage, elles ont perdu la signification ethnique pour prendre, en échange, le sens topologique ; c’est ce qu’on peut démontrer par une foule de citations. Dès l’an 400 ou 401, le rédacteur de la Notice des Dignités employait, dans une acception purement géographique, l’accusatif pluriel féminin Redonas : « Præfectus Lætorum Francorum, Redonas, Lugdunensis tertiæ. » On connaît encore les passages suivants : « Imperator Redonas civitatem venit » (Annal. Eginh., ann. 824). — « Ad Redonas oppidum » (Chron. Fontan., ann. 850). — « Nomenoius Rhedonas et Namnetas capiens, partem murorum portasque earum destruxit » (Chron. Aquit. ap. Pertz, t. II, p. 253). — « Ierunt Rhedonas » (Chron. Brioc. ap. D. Morice, t. I, col. 9). Grégoire de Tours et Frédégaire emploient à tout propos les locutions Lingonas civitatem, Senonas civitatem, Suessonias civitatem, ou simplement Lingonas, Senonas, Santonas, Namnetas, ainsi que les datifs-ablatifs Lingonis, Santonis. Ces formes finissent par devenir indéclinables, témoin la légende Hredonis civitas de quelques monnaies carolingiennes. Les tournures périphrastiques, telles que civitas Rhedonum étaient d’un usage trop incommode pour persister dans le langage populaire ; de là, l’origine d’un vocable simple, comportant à la fois la notion du pluriel et celle du genre féminin respectivement attachées à chacun des membres de la locution périmée. C’est ainsi du moins que j’explique les formes Redonas, Namnetas, etc. Si l’on ne rencontre pas le cas direct Redonae, cela tient certainement à ce que les cas obliques, étant d’un usage beaucoup plus fréquent, suffisaient à tous les besoins d’une langue qui abolissait de jour en jour le système de sa déclinaison. Remarquons aussi que le caractère essentiellement topologique des nouvelles formes les rendait dès lors aptes à recevoir la terminaison -ensis, incompatible avec les thèmes ethniques. En réalité, c’est de Redonas, et non de Redones, que dérive l’adjectif Redonensis. Dans cette terminaison, le son nasal en se laissait déjà si faiblement percevoir, que la lettre n y est souvent omise ; la notation du mot Lugdunesis (Gruter,