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hommes ! de ce que le grand Allah n’est plus irrité contre nous ! Réjouissez-vous de ce que sa miséricorde a amené les braves de l’Occident pour vous délivrer du joug des Mamelucks ! Que le grand Allah bénisse le favori de la victoire ! que le grand Allah fasse prospérer l’armée des braves de l’Occident.

Cependant les fils des hommes tramaient dans l’ombre des complots pour exterminer les braves de l’Occident.

Après s’être rendu maître du pays par la force, Bonaparte voulut faire jouir l’Égypte de tous les bienfaits de la civilisation. Par ses soins, le Caire prit bientôt l’aspect d’une ville européenne ; son administration fut confiée à un Divan choisi parmi les hommes les plus recommandables de la province. Les autres villes reçurent en même temps des institutions municipales. Un Institut, composé à l’instar de celui de la mère-patrie, fut organisé ; le conquérant, devenu législateur le dota d’une bibliothèque, d’un cabinet de physique, d’un laboratoire de chimie, d’un jardin de botanique, d’un observatoire, d’un musée d’antiquités, d’une ménagerie et au titre d’académicien, il joignit celui de Président de l’Institut d’Égypte.

Par ses ordres, des savants dressèrent un tableau comparatif des poids et mesures égyptiens et français, ils composèrent un vocabulaire français-arabe et ils calculèrent un triple calendrier égyptien, cophte et européen. Deux journaux, l’un de littérature et d’économie politique, sous le titre de Décade égyptienne, l’autre de politique, sous celui de Courrier égyptien, furent rédigés au Caire.

L’armée, considérablement réduite, autant par les maladies que par le fer de l’ennemi, ne devait plus s’attendre depuis l’incendie de la flotte à recevoir des renforts de la mère-patrie. Pour obvier à cet inconvénient, Bonaparte ordonna une levée parmi les esclaves, depuis l’âge de seize jusqu’à vingt-quatre ans ; 3.000 marins, échappés au désastre d’Aboukir, furent enrégimentés et formèrent la légion nautique.

Toutes les rues du Caire étaient fermées la nuit par des portes, afin de mettre les habitants à l’abri d’un coup de main de la part des Arabes. Le général en chef fit enlever ces clôtures, derrière lesquelles, en cas de sédition, les Égyptiens pouvaient combattre avec quelque avantage contre les Français ; l’événement justifia la prévoyance de Bonaparte.

Le 22 octobre 1798, pendant qu’il était au vieux Caire, la population de la capitale se répand en armes dans les rues, se fortifie sur divers points, et principalement dans la grande mosquée ; le chef de brigade Dupuy, commandant de la place, est tué le premier ; le brave Salkowski, aide-de-camp chéri de Bonaparte, a le même sort. Excités par les cheicks et les imans, les Égyptiens ont juré par le prophète d’exterminer tous les Français ; tous ceux qu’ils rencontrent, soit dans leurs maisons, soit dans les rues, sont impitoyablement égorgés. Des rassemblements se pressent aux portes de la ville pour en défendre l’entrée au général en chef qui, repoussé à la porte du Caire, est obligé de faire un détour pour entrer par celle de Boulack.

La situation de l’armée française était des plus critiques : les Anglais menaçaient les villes maritimes ; Mourad-Bey tenait toujours la campagne dans la haute Égypte ; les généraux Menou et Dugua contenaient à peine la basse Égypte. Les Arabes réunis aux paysans faisaient cause commune avec les révoltés du Caire ; tout le désert était en armes.

Dans un manifeste du Grand Seigneur, répandu avec profusion dans toute l’Égypte, on lisait : « Le peuple français (Dieu veuille détruire son pays de fond