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canons, il est frappé d’une balle et il meurt glorieusement, au moment ou Kléber, son ami, tombait au Caire sous le poignard d’un assassin. Les soldats de Desaix, irrités par la perte de leur général, se battent comme des lions, et cependant la vaillante colonne autrichienne résistait toujours, lorsque Kellermann, le jeune, fond avec la cavalerie qu’il commande sur son flanc gauche, l’ouvre, la disperse, et les 5.000 grenadiers se rendent prisonniers.

La ligne française se précipite en avant et reprend en moins d’une heure tout le terrain qu’elle avait perdu depuis le commencement de la bataille. La ligne ennemie, prise à revers, presse sa retraite ; les vainqueurs la poursuivent jusqu’à dix heures du soir.

5.000 morts, 8.000 blessés, 7.000 prisonniers, 30 canons et 12 drapeaux furent les trophées de la victoire de Marengo.

Le lendemain, à la pointe du jour, Bonaparte fait attaquer la tête de pont de la Bormida ; Mêlas était certainement bien en état de se défendre, pouvant encore disposer de forces supérieures à celles qui restaient à son adversaire ; mais encore tout ému des revers qu’il avait éprouvés la veille, et, désespérant des succès qu’il pouvait attendre d’une chance plus heureuse, il eut la lâcheté, tranchons le mot, de demander à traiter. Quelques heures après, il conclut, avec le général Berthier, celte fameuse convention d’Alexandrie, par laquelle l’armée française recouvrait tout ce qu’elle avait perdu en Italie depuis quinze mois, à l’exception de Mantoue.

Après avoir achevé de réorganiser la prétendue république cisalpine, Bonaparte se hâte de revenir à Paris, où l’appellent des intérêts politiques de la plus haute importance ; il y arrive le 3 juillet ; le peuple qui, à la première nouvelle de la victoire de Marengo, avait spontanément illuminé ses maisons, le reçoit avec des transports d’allégresse : dès ce moment, il n’y eut plus en France qu’un chef suprême des armées, qu’un législateur, qu’un administrateur. C’est le général, le premier consul Bonaparte, bien plus puissant, bien plus absolu que les rois de l’ancienne monarchie. Cet homme extraordinaire, adoré de la foule, faillit néanmoins être plusieurs fois la victime des complots de conspirateurs professant des doctrines bien différentes : les royalistes et les républicains niveleurs l’abhorraient comme un traître, comme leur ennemi personnel. Les niveleurs commencèrent : leur dernière entreprise coûta la vie au sculpteur Ceracchi, au peintre Topino-Lebrun, à l’adjudant-général Aréna. Deux mois après, les ex-chouans Saint-Régent, Carbon, Limoelan, font jouer la fameuse machine infernale.

Diverses autres tentatives d’assassinat, qui, prévenues à temps, restèrent heureusement sans effet, fournirent au gouvernement du premier Consul un prétexte plausible pour établir des tribunaux spéciaux qu’on arma d’une législation spéciale, violente, tyrannique. Ce fut en vain que des tribuns protestèrent contre l’adoption des projets présents : ces projets passèrent à la majorité de huit voix, tant la corruption avait fait de progrès parmi les membres de ce corps, qui devait être essentiellement républicain.

Plusieurs revers éprouvés coup sur coup, tant en Allemagne qu’en Italie, forcèrent l’Autriche à accepter les conditions du congrès de Lunéville ; le traité fut signé le 9 février 1801. Cet acte, qui rappelle toutes les clauses de celui de Campo-Formio, donna à la France la Belgique, tous les États de la rive gauche du Rhin, fixa à l’Adige la limite des possessions autrichiennes en Italie, et abandonna