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grands fiefs d’autrefois, par devenir héréditaires. »

(Il doute que tous les Français puissent donner en toute liberté leur assentiment à la mesure proposée, tant est grande l’influence de l’autorité qui préside ; il y aurait de l’inconvénient à manifester une opinion défavorable.)

« … La liberté de la presse est tellement anéantie, qu’il n’est pas possible de faire insérer dans un journal quelconque la réclamation la plus respectueuse et la plus modérée. »

« … La liberté fût-elle donc montrée à l’homme pour qu’il ne pût jamais en jouir ? Ainsi la nature, qui nous fait de cette liberté un besoin si pressant, aurait voulu nous traiter en marâtre ! Non, je ne puis consentir à regarder ce bien… comme une simple illusion. Mon cœur me dit que la liberté est possible, que le régime en est facile et plus stable qu’aucun gouvernement arbitraire, qu’aucune oligarchie. »

Il n’y eut que quatre ou cinq tribuns qui furent de l’opinion de Carnot ; tout le reste vota en faveur de la mesure.

« … C’est moins d’une récompense, dont Bonaparte n’a pas besoin, dit Siméon (pair de France sous la Restauration), que de notre propre dignité et de notre sûreté que nous nous occupons. » (Suit un long raisonnement pour prouver que la dynastie de Bourbon, détrônée, abattue par le malheur, ne saurait convenir à une nation qui s’estime. Il ne saurait y avoir de transaction sur une querelle aussi violemment décidée. Ne pas reconnaître Bonaparte comme empereur, ce serait se replacer sous le joug de la Révolution. Les grands hommes fondent ou rétablissent des empires ; ils transmettent à leurs héritiers leur gloire et leur puissance ; le gouvernement se perpétue paisiblement dans leur famille tant qu’elle produit des sujets capables… Lorsque la famille dégénérée ne peut plus soutenir le poids des affaires publiques, une autre famille s’élève. C’est ainsi que l’Empire français a vu les descendants de Mérovée remplacés par ceux de Charlemagne, et ces derniers par ceux de Hugues Capet. C’est ainsi que les mêmes causes et des événements à peu près semblables nous amènent une quatrième dynastie.)

Le président du Corps législatif, Fontanes, s’exprime ainsi en cette occasion :

« … Tout gouvernement électif est incertain, violent et faible comme les passions des hommes, tandis que l’hérédité donne en quelque sorte au système social la force, la durée et la contenance des desseins de la nature. La succession non interrompue du pouvoir dans la même famille maintiendra la paix et l’existence de toutes les autres. Il faut, pour que leurs droits soient à jamais assurés, que l’autorité qui les protège soit immortelle… L’histoire montre partout, à la tête des grandes sociétés, un chef unique et héréditaire… Les illusions antiques ont disparu : mais en a-t-il besoin, celui qu’appelle notre choix ? Il compte à peine trente-quatre ans, et déjà les événements de sa vie sont plus merveilleux que les fables dont on entoura le berceau des anciennes dynasties… N’en doutons point, une longue carrière de prospérité et de gloire s’ouvre encore pour nos descendants… On ne verra point le silence de la servitude succéder au tumulte de la démocratie… Non, citoyen premier Consul, vous ne voulez commander qu’un peuple libre, il le sait, et c’est pour cela qu’il vous obéira toujours. Les corps de l’État se balanceront avec sagesse ; ils conserveront tout ce qui peut maintenir la liberté, et rien de ce qui peut la détruire… »

Enfin, le vœu du Tribunat arrive au Sénat conservateur. Cette assemblée, dès