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aussitôt leurs canons contre les frères d’armes qu’ils viennent de trahir.

Il ne restait plus de munitions dans les caissons de l’artillerie française que pour 10.000 coups de canon ; il fallut donc, quoique l’ennemi eût abandonné le champ de bataille se retirer sur Erfurth pour y prendre des munirons. Le mouvement rétrograde commença la nuit ; avant le jour les ponts étaient passés ; 10.000 hommes environ d’arrière-garde défendaient les faubourgs pour donner à l’artillerie et aux parcs de réserve le temps de passer le grand pont, lorsque le sous-officier qui était chargé de le faire sauter apercevant des Cosaques qui avaient passé l’Elster à gué, croyant que tout était perdu, mit le feu à la mèche et le pont fut détruit. L’arrière-garde n’ayant plus de retraite resta prisonnière avec tous ses bagages et 200 pièces d’artillerie.

Les journées du 16 au 19 furent fatales aux deux armées : les Français perdirent 20.000 hommes tués, 30.000 prisonniers, dont 23.000 malades ou blessés abandonnés dans les hôpitaux de Leipzig, et 350 bouches à feu. Les coalisés laissèrent 47.000 morts sur le champ de bataille. On estime au double le nombre d’hommes mis hors de combat.

L’armée française, réduite à 90.000 hommes, arriva à Erfurth le 23 ; après s’y être approvisionnée et reposée, elle se remit en marche le 25. Le 26, une armée austro-bavaroise de 60.000 hommes, sous les ordres du général Wrède, se présenta à Hariau pour lui couper la retraite. L’armée de Wrède fut enfoncée et mise en déroute après avoir perdu 12.000 hommes. Le général Bertrand occupa Hanau, ce qui permit à l’armée de se retirer sur Mayence sans être inquiétée. Le 2 novembre, elle avait franchi le Rhin, et tout le sol germanique était délivré.

Cependant une nouvelle réunion de plénipotentiaires eut lieu à Francfort. Là, de nouvelles bases pour la paix furent convenues et communiquées, le 10 novembre, à Napoléon, par son ministre,le baron de Saint-Aignan. Il était arrêté que la France aurait pour limites le Rhin, les Alpes et les Pyrénées ; que l’Espagne serait rendue à son ancienne dynastie ; que l’Allemagne, l’Italie, la Hollande recouvreraient leur indépendance. Il est probable que les alliés n’avaient consenti à ces engagements que pour gagner du temps et faire croire aux peuples que si les fléaux de la guerre se prolongeaient encore, ce serait la faute de Napoléon.

XI. Le Corps législatif. — Campagne de France.

L’Empereur, parti de Mayence le 7 novembre, arrive à Saint-Cloud ; dès ce moment il avise aux moyens de soustraire la patrie aux dangers qui la menacent : par un décret impérial daté du 11, le prix du sel est augmenté de 20 centimes par kilogrammes, et 30 centimes sont ajoutés aux contributions des portes et fenêtres.

Le 14 il se rend au Sénat et leur parle ainsi : « Toute l’Europe marchait avec nous il y a un an ; toute l’Europe marche contre nous aujourd’hui. » Il répond au discours de Lacépède : « … La postérité dira que si de grandes et critiques circonstances se sont présentées, elles n’étaient pas au-dessus de la France et de moi. »

Le 15, un sénatus-consulte mit à la disposition du gouvernement 300.000 conscrits des années 1803 et suivantes, jusqu’à 1814 inclusivement. Le même jour un autre sénatus-consulte arrête que le Sénat et le conseil d’État assisteront à l’ouverture du Corps législatif, laquelle