Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/159

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furent les résultats de la journée de Champ-Aubert.

Le lendemain, l’Empereur atteint le général russe Sacken à Montmirail, au moment où il s’efforça d’opérer sa jonction avec le général prussien York : 900 prisonniers, 25 canons, presque tous les bagages, 3.000 morts ou blessés accusent la perte de ces deux généraux. Celle des Français est évaluée à 2.000 hommes.

Le 12 et le 13 eurent lieu deux autres actions très-avantageuses pour nos armées, aux environs et sous les murs de Château-Thierry, après lesquelles l’Empereur jeta Sacken et York sur la droite de la Marne. Le 13 Blücher reprend l’offensive à Vauchamp, pour venger les affronts essuyés par ses lieutenants ; mais l’Empereur, victorieux, fait volte-face et va lui présenter la bataille. Les lignes prussiennes, chargées impétueusement par les généraux Grouchy, Doumerc, Bordesoulle, sont mises en pleine déroute, laissant 18 canons, 3.000 prisonniers ; 7.000 Prussiens ou Russes sont mis hors de combat. Les Français ont à peine 600 hommes à regretter.

Pendant ces cinq jours de combat glorieux, on estime que Napoléon fit éprouver aux alliés une perte d’au moins 25.000 hommes, tant tués que blessés, ou faits prisonniers. Il retrouva dans ces périlleuses circonstances toute l’activité, tout le bonheur qui signalèrent ses premiers faits d’armes en Italie. Cependant tant de succès inattendus n’amenèrent aucun résultat avantageux et définitif. Les pertes des alliés sont insignifiantes, eu égard à l’immensité des ressources de toute espèce dont ils peuvent disposer, et aux nombreux renforts qui leur arrivent sans cesse pour grossir leurs rangs ou en remplir les vides, tandis qu’il est presque impossible aux armées françaises de se recruter, l’ennemi occupant une bonne partie du pays, et déjà la plupart des divisions de ces armées que l’on qualifie encore du nom pompeux de corps, ne sont plus que de faibles débris.

Cependant, le 17, les Austro-Russes, sous les ordres de Schwartzenberg, en marche sur Paris, sont atteints et mis en déroute près de Nangis, par l’Empereur, qui, parti le 15 de Montmirail, est arrivé la veille à Guignes, près de Meaux, ayant fait avec sa garde 28 lieues en deux jours. Dans cette affaire l’ennemi perdit 12 canons et 10.000 hommes, tant tués que blessés.

Le général autrichien fait demander armistice. Cette démarche et le succès qu’il vient d’obtenir raniment les espérances de Napoléon ; il écrit directement à son beau-père qu’il veut un prompt accommodement basé sur des conditions moins humiliantes que celles qu’on lui a faites à Chàtillon ; en même temps, il mande à son plénipotentiaire Caulincourt : « La providence a béni nos armes ; j’ai fait 30 à 40.000 prisonniers, j’ai pris 200 pièces de canon, j’ai détruit plusieurs armées presque sans coup férir, j’ai entamé hier l’armée de Schwartzenberg, que j’espère détruire avant qu’elle ait repassé nos frontières. Vous devez tout faire pour la paix ; mais mon intention est que vous ne signiez rien sans mon ordre, parce que seul je connais ma position. En général, je ne désire qu’une paix solide et honorable ; elle ne peut être telle que sur les bases de Francfort. » Le lendemain, il écrit au prince Eugène : « J’ai détruit l’armée de Silésie, composée de Russes et de Prussiens : j’ai commencé hier à battre Schwartzenberg, il est donc possible que nous puissions conserver l’Italie. » Il était si bien persuadé qu’il parviendrait lui seul à rejeter les étrangers au delà des frontières de l’Empire, qu’il disait après la victoire de Nangis : Je suis