Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/174

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militaires, ecclésiastiques dé la ville. Il leur dit dans ses réponses que ses droits n’étaient autres que ceux du peuple, qu’il venait les reprendre, non pour régner, ne faisant aucun cas du trône, ni pour se venger ; qu’il faut oublier que les Français ont été les maîtres du monde, qu’il ne veut régner que pour rendre la France libre, heureuse.

Avant de quitter Grenoble, il passe là garnison en revue, et publie un décret par lequel il ordonne qu’à dater du 15 mars, tous les actes publics seront faits et la justice rendue en son nom.

Le 10, à sept heures du soir, il fit son entrée dans Lyon, amenant avec lui 8.000 hommes de troupes de ligne et 30 canons ; il descendit au palais de l’archevêché, que Monsieur (Comte d’Artois), venait de quitter. On sait que ce prince ne fut accompagné dans sa fuite de Lyon que par un seul garde national à cheval. Napoléon voulait être gardé par la milice bourgeoise à pied, et il dit à la garde à cheval qui s’était présentée : « Je vous remercie de vos services. Nos institutions ne reconnaissent point de gardes nationales à cheval ; et d’ailleurs, votre conduite envers M. le comte d’Artois m’apprend ce que vous feriez si la fortune venait à m’abandonner ; je ne vous soumettrai pas à cette nouvelle épreuve. » Et immédiatement il fit appeler le cavalier qui avait escorté le prince, et lui dit : « Je n’ai jamais laissé une belle action sans récompense ; je vous donne ce la croix de la Légion d’honneur. »

À Lyon, il s’annonce sans détour comme le souverain de la France : « Puisque, disait-il, j’ai repris le gouvernement, il ne doit plus y avoir d’autre autorité que la mienne ; il faut qu’on sache, dès à présent, que c’est à moi seul qu’on doit obéir. » Alors, il dicta ces fameux décrets de Lyon, dont voici la substance.

« La Chambre des Pairs est dissoute ; les collèges électoraux des départements seront réunis à Paris dans le courant du mois de mai prochain, en assemblée extraordinaire du Champ-de-Mai, afin de prendre les mesures convenables pour corriger, modifier nos institutions selon l’intérêt et la volonté de la nation, et, en même temps, pour assister au couronnement de l’impératrice, notre bien-aimée épouse, et de celui de notre bien-aimé fils. — Tous les émigrés qui n’ont pas été rayés, amnistiés ou éliminés par nous, ou par les gouvernements qui nous ont précédé, et qui sont rentrés en France depuis le 1er janvier 1814, sortiront sur-le-champ du territoire de l’Empire. Les émigrés qui, quinze jours après la publication du présent décret, se trouveront sur le territoire de l’Empire, seront arrêtés et jugés conformément aux lois décrétées par nos assemblées nationales. Le séquestre sera mis sur leurs biens, meublés et immeubles. La noblesse est abolie, et les lois de l’Assemblée constituante seront mises en vigueur. Les titres féodaux seront supprimés. Les lois de nos assemblées seront mises en vigueur. Les individus qui ont obtenu de nous des titres nationaux, comme récompense nationale, et dont les lettres patentes ont été vérifiées au Conseil du sceau des titres, continueront à les porter : nous nous réservons de donner des titres aux descendants des hommes qui ont illustré le nom français dans les différents siècles. Tous les généraux et officiers de terre et de mer, dans quelque grade que ce soit, qui ont été introduits dans nos armées depuis le 1er avril 1814, cesseront sur-le-champ leurs fonctions, quitteront les marques de leur grade et se rendront au lieu de leur domicile. — Tous les changements arbitraires opérés dans nos cours et tribunaux inférieurs sont nuls et non avenus. »