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n’avaient point suivi la famille royale. Napoléon, instruit de l’embarras de leur position, ordonna de payer annuellement, à la première de ces princesses, sur le trésor, une pension de 300.000fr., et à madame la duchesse de Bourbon, la moitié de cette somme.

Les troupes impériales ayant amené M. le duc d’Angoulême à signer une capitulation par laquelle il licenciait son armée et promettait d’aller s’embarquer à Cette, le général Grouchy ne crut pas devoir exécuter la convention sans consulter l’Empereur ; il en reçut cette réponse :

« M. le comte Grouchy, l’ordonnance du roi en date du 6 mars, et la déclaration signée à Vienne, le 13, par ses ministres11, pourraient m’autoriser à traiter le duc d’Angoulême comme cette ordonnance et cette déclaration voulaient qu’on me traitât, moi et ma famille ; mais, constant dans les dispositions qui m’avaient porté à ordonner que les membres de la famille des Bourbons pussent sortir librement de la France, mon intention est que vous donniez des ordres pour que le duc d’Angoulême soit conduit à Cette, où il sera embarqué, et que vous veilliez à sa sûreté et à écarter de sa personne tout mauvais traitement.

Le 25 mars, un traité est signé à Vienne entre la Russie, l’Autriche, la Prusse et l’Angleterre, par lequel sont confirmés les principes de celui de Chaumont. Les puissances contractantes s’engagent à fournir d’abord chacune 130.000 hommes, dont un dixième au moins de cavalerie, et non compris les garnisons des places fortes ; en outre, elles ne poseront les armes, et de concert, qu’après avoir détruit la puissance de Napoléon. Le roi de France adhère à ce traité. La Suède et le Portugal refusent seuls de fournir leur contingent.

Voici la déclaration du conseil d’État qui, le 27 mars, relevait l’Empereur de sa déchéance et annulait son abdication.

« Le conseil d’État, en reprenant ses fonctions, croit devoir faire connaître les principes qui font la règle de ses opinions et de sa conduite.

« La souveraineté réside dans le peuple, il est la seule source du pouvoir.

« En 1789, la nation reconquit ses droits, depuis longtemps usurpés et méconnus.

« L’Assemblée nationale abolit la monarchie féodale, établit une monarchie constitutionnelle et le gouvernement représentatif.

« La résistance des Bourbons aux vœux du peuple amena leur chute et leur bannissement du territoire français.

« Deux fois le peuple consacra par ses actes la nouvelle forme de gouvernement, établie par ses représentants.

« En l’an VIII, Bonaparte, déjà couronné par la victoire, se trouva porté au gouvernement par l’assentiment national ; une constitution créa la magistrature consulaire.

« Le sénatus-consulte du 16 thermidor an X nomma Bonaparte Consul à vie.

« Le sénatus-consulte du 28 floréal an XII conféra à Napoléon la dignité impériale et la rendit héréditaire dans sa famille.

« Ces trois actes solennels furent soumis à l’acceptation du peuple, qui les consacra par près de 4 millions de votes.

« Aussi, pendant vingt-deux ans, les Bourbons avaient cessé de régner en France ; ils y étaient oubliés par leurs contemporains ; étrangers à nos lois, à nos institutions, à nos mœurs, à notre gloire, la génération actuelle ne les connaissait que par le souvenir de la guerre