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mémoire de Napoléon. ===

Enfin, le jour de la justice commença à luire pour les mânes du grand Empereur. Immédiatement après la révolution de 1830, on s’empressa de rétablir sa statue sur la colonne de la place Vendôme. On sait qu’en 1814, des vandales, profitant de l’appui que leur prêtait la présence des étrangers dans la capitale, voulurent d’abord renverser cette statue avec violence. On passa un câble autour de son cou ; quelques centaines d’hommes, aidés de chevaux, firent de vains efforts pour l’arracher de son piédestal, ce qui fit dire à une bonne femme, témoin de cette ignoble profanation : « Si l’Empereur est aussi solide sur son trône que sa statue l’est sur la colonne, il n’est pas près d’en descendre. »

La nouvelle statue représente Napoléon costumé à la moderne avec sa redingote, ses bottes, chapeau à trois cornes en tête. Cette composition n’est rien moins qu’héroïque, et généralement elle n’est point du tout du goût des personnes qui ont des connaissances dans l’art du dessin19.

L’Empereur, à l’article de la mort, avait ardemment manifesté le désir d’être inhumé sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple Français qu’il avait tant aimé. Le comte Bertrand demanda au gouvernement anglais l’autorisation d’emmener en Europe les restes de son immortel ami ; il ne l’obtint pas. Dans la suite, il s’adressa pour le même objet aux ministres de Louis XVIII. Il n’en reçut pas un refus absolu, seulement on lui fit entendre que l’arrivée en France des cendres de Napoléon serait indubitablement la cause ou le prétexte de troubles politiques qu’il était de la prudence du gouvernement de prévenir et d’éviter ; mais que sitôt que l’état des esprits le permettrait, on ferait droit à sa demande.

Enfin en 1840, le gouvernement de Louis-Philippe obtint facilement de la Reine de la Grande-Bretagne la permission d’aller prendre à Sainte-Hélène les restes du prisonnier de sir Hudson-Lowe pour les porter en France ; et le 12 mai 1840, M. de Rémusat, ministre de l’intérieur, annonça en ces termes la résolution que le gouvernement venait de prendre :

« Le roi a ordonné à son Altesse Royale le prince de Joinville de se rendre avec sa frégate à l’île de Sainte-Hélène pour y recueillir les restes mortels de l’empereur Napoléon.

« Nous venons vous demander de les recevoir dignement sur la terre de France et d’élever à Napoléon son dernier tombeau…

« Il fut empereur et roi, il fut le souverain légitime de notre pays ; à ce titre, il pourrait être inhumé à Saint-Denis ; mais il ne faut pas à Napoléon la sépulture ordinaire des rois ; il faut qu’il règne et commande encore dans l’enceinte où vont se reposer les soldats de la patrie…

«