Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/286

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Après la révolution de Février, un des premiers actes du gouvernement provisoire fut de l’élever au grade de général de division, en lui confiant le gouvernement de l’Algérie. Plusieurs fois on lui offrit le portefeuille de la guerre, mais il s’obstina longtemps à le refuser. Il ne finit par l’accepter, du 17 mai au 28 juin 1848, que lorsque le gouvernement provisoire eut cédé la place à une commission du pouvoir exécutif, composée de cinq membres ; on sait par quelles mesures rigoureuses il réussit à vaincre la terrible insurrection de juin, au bruit de laquelle, le 24 juin, un décret de l’Assemblée nationale lui délégua tous les pouvoirs exécutifs qu’il déposa le 28 juin. Le même jour l’Assemblée déclara qu’il avait bien mérité de la patrie et lui confia de nouveau le pouvoir exécutif avec le titre de président du conseil des ministres, qu’il conserva jusqu’au 20 décembre 1848.

La popularité beaucoup trop rapide du général Cavaignac, l’engouement de la bourgeoisie pour tous ses actes sans exception, se sont usés bien vite ; notre nation est ainsi faite. Nul doute qu’après les journées de juin une immense majorité ne se fût prononcée en sa faveur pour la présidence de la République. Décembre arriva et M. Cavaignac éeboua dans cette grande lutte électorale. Les popularités qui paraissent le plus solidement assises n’ont guère de durée en ces temps de troubles. La véritable gloire de M. Cavaignac ne procède point des guerres civiles et des barricades.

M. Cavaignac est membre de l’Assemblée législative ; il s’est tenu jusqu’aujourd’hui en dehors de toutes les affaires.

CERVONI (JEAN-BAPTISTE)

général de division, naquit à Soveria (Corse), en 1767. « Son père, Thomas Cervoni, était un des chefs les plus influents et les plus courageux de l’île, qui se réunirent au célèbre Paoli pour conquérir sur les Génois, et défendre contre les Français, l’indépendance de leur patrie et la liberté de leurs concitoyens. Fidèle à son pays et à son chef, il suivit Paoli dans l’exil, et s’établit avec sa famille en Toscane. Son fils reçut une éducation soignée, et donna de bonne heure les plus grandes espérances. Les sciences, les lettres, la poésie surtout, occupèrent et embellirent l’imagination la plus brillante et le caractère le plus aimable. Son goût pour les armes lui fit quitter l’université de Pise, où son père, qui le destinait à la magistrature, lui faisait étudier la jurisprudence. Il se rendit en France et entra, comme simple soldat, dans le régiment de Royal-Corse. Son père, pour lequel il avait le plus tendre et le plus respectueux attachement, le força à quitter l’état militaire, à reprendre l’étude des lois, et à suivre la carrière d’avocat à la Porta. En 1790, il fut nommé chef de l’une des divisions du directoire du département. » Nous avons cité ce long passage de la Biographie nouvelle des Contemporains, parce qu’il sert à rectifier tout ce que les historiens et les biographes ont écrit sur les débuts de Cervoni dans la carrière des armes. Il paraît que le jeune légiste obtint enfin le consentement de son père, puisqu’il rentra, en 1792, dans le régiment de Royal-Navarre-cavalerie avec le grade de sous-lieutenant. Le colonel de ce régiment, Casabianca, nommé général, le prit auprès de lui en qualité d’aide-de-camp ; mais, après la campagne des Alpes, Cervoni suivit, au siège de Toulon, le représentant du peuple Salicetti, son ami et son compatriote, y fut employé comme adjudant-général, et s’y fit remarquer à la tête dé la colonne qui enleva la redoute anglaise, dont le succès décida de la prise de la place.

Promu au gradé de général de brigade