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Constantinople, où se trouvait un envoyé de Perse, chargé d’engager des officiers européens pour le service du roi de Perse, Fat-Aly-Scha. Ce conseil fut suivi de point en point. Le souverain de la Perse lai confia la mission d’organiser, sous les ordres de son fils aîné, Mahomet-Aly-Mirza, vice-roi de Kerman-Scia, l’infanterie et l’artillerie, selon la méthode européenne. Pendant dix années, jusqu’à la fin de 1826, Avitabile se consacra avec l’activité la plus intelligente à cette œuvre difficile d’organisation, et se signala par différents faits d’armes. Le souverain lui donna à plusieurs reprises des preuves de sa satisfaction, le décora de plusieurs ordres, et lui accorda le grade de colonel et le titre de Khan de Perse. Vers 1826, les hostilités éclatèrent entre la Perse et la Russie ; le vice-roi de Kerman s’empressa de recourir aux avis de son ancien serviteur et à son expérience de la tactique européenne. Le colonel Avitabile s’opposa constamment aux mesures qui furent prises, à tel point qu’il se décida à demander son congé qui lui fut aussitôt accordé.

Du service de Perse, le colonel Avitabile passa, en 1827, à celui de Rungit-Singh, roi de Peng-Ab. Ce souverain lui fit, dans Lahore, sa capitale, un accueil magnifique, et lui confia une division entière, avec mission de l’organiser à l’européenne et de la commander en chef ; deux années furent employées à ce service. Le général Avitabile fut élevé ensuite au poste de gouverneur civil et militaire de la vaste province de Visir-Abat ; puis, quand le roi Rungit-Singh eut conquis la province dePeshavour, il lui en remit le commandement qu’il conserva jusqu’à la fin d’avril 1843. Avant lui, cette province était infestée de vagabonds et de brigands ; mais, grâce à la justice impitoyable du nouveau gouverneur, elle devint bientôt florissante et

tranquille. Avitabile ne pardonnait jamais ; il faisait décapiter ou pendre sans merci tous les criminels qui lui tombaient sous la main. Lorsque sa police ne pouvait découvrir l’auteur d’un méfait, il tirait de prison une demi-douzaine de pauvres diables coupables de quelques méfaits analogues, et il ordonnait leur exécution en les déclarant complices. De la sorte, le peuple demeurait convaincu que son démon de gouverneur savait tout ce qui se passait, une douzaine de squelettes enchaînés étaient exposés à la porte de son château, et, selon lui, cette singulière exhibition, produisait le meilleur effet.

Un jour quelque grand seigneur de la cour vint lui rendre visite, il exprima le désir de voir disparaître cet affreux spectacle. Avitabile s’y refusa nettement en déclarant que son autorité en dépendait. D’ailleurs les traits du vieux général expriment bien ce caractère de fermeté impitoyable.

Dans les campagnes difficiles et souvent sanglantes qui eurent lieu pendant la coopération des armées britanniques dans l’Afghanistan, il déploya de remarquables talents militaires et cette bravoure brillante qui lui acquirent une puissante autorité morale sur les troupes qu’il disciplinait. Il était en congé d’un mois chez sir Georges Clarck, gouverneur de la compagnie des Indes pour les provinces du Nord, lorsqu’il reçut la nouvelle de l’assassinat de Rungit-Singh. Le général Avitabile sollicita de son successeur, Delip-Singh, l’autorisation de retourner dans sa patrie. Il était de retour à Naples au mois de février 1844, après une absence de vingt ans, ayant conquis par de longs et laborieux services, une légitime renommée.

Avitabile a refusé d’entrer dans l’armée du roi de Naples. Il est rentré dans la vie privée et a épousé une jeune