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Une partie des troupes descend à terre à trois heures du matin, et marche sur la ville dont les portes étaient fermées. Une d’elles est enfoncée à coups de hache par les sapeurs du 66e, aidés de quelques matelots.

Les Français se précipitent dans la ville, partagés en deux colonnes, l’une dirigée par le colonel Combes, l’autre par un chef de bataillon. Les différents postes occupés par les soldats pontificaux sont désarmés, et à la point du jour toute la ville est au pouvoir des Français.

A midi, le colonel Combes se porte avec un bataillon à la citadelle, et somme le commandant de se rendre. Sur les réponses dilatoires de celui-ci, Combes s’écrie :

« Nous ne sommes point ici en ennemis de Sa Sainteté ; mais nous ne pouvons permettre que les troupes autrichiennes, qui sont en marche, viennent occuper la citadelle : de gré ou de force, il faut qu’elle soit à nous ! Voyez donc, commandant, si vous voulez prendre sur vous la responsabilité des hostilités qui vont s’engager entre le Saint-Siège et la France. Je vous donne deux heures pour délibérer sur ma demande. J’espère que votre décision nous épargnera la douleur de voir tant de braves gens s’entr’égorger. Dans deux heures donc, la place ou l’assaut ! Soldat de la vieille garde, je n’ai jamais manqué à ma parole ! »

Ce langage et l’attitude du colonel Combes en imposèrent à la garnison, et, à trois heures de l’après-midi, il prenait possession de la citadelle.

Plus tard le colonel Combes fut envoyé en Algérie, où il commanda le 47e de ligne. Il prit part à presque toutes les affaires jusqu’à la prise de Constantine.

Le 13 octobre 1837, à 7 heures du matin, l’assaut de la place de Constantine fut ordonné. Dès que la première colonne, sous les ordres du colonel de Lamoricière, a dépassé la brèche, le colonel Combes s’élance pour la soutenir à la tête de la deuxième colonne. Il arrive sur la muraille, au moment même où une explosion terrible éclate et ravage les rangs des assaillants. Il prend aussitôt le commandement que le colonel de Lamoricière, blessé et privé de la vue dans l’explosion, cesse d’exercer.

Reconnaître l’état des choses, disposer ses hommes de manière à assurer la conservation du terrain déjà occupé, prescrire les mesures propres à agrandir le rayon d’occupation, déboucher dans la grande rue du Marché, et enlever une forte barricade, tout cela est pour Combes l’affaire d’un moment.

Mortellement atteint coup sur coup en plein dans la poitrine, il refuse de quitter le combat pour aller se faire panser, et continue encore à commander ses soldats. Après s’être assuré de la réussite complète du mouvement qu’il a ordonné, il se retire lentement du champ de bataille, et seul, calme et froid, comme sous le feu de l’ennemi, il regagne la batterie de brèche et vient rendre compte au général en chef et au duc de Nemours de la situation des affaires dans la ville. Son rapport terminé, il ajoute avec le plus grand sang-froid :

« Ceux qui ne sont pas mortellement blessés pourront se réjouir d’un aussi beau succès. Maintenant je vais à l’ambulance, et si ma blessure n’est pas mortelle, je serai heureux de pouvoir verser encore mon sang pour mon pays. »

A le voir si ferme dans sa démarche, si naturel dans son attitude, si simple dans ses paroles, on n’aurait jamais supposé que ce fût là un homme quittant le lieu du carnage pour aller mourir. Le colonel Combes eut encore la force de retourner presque seul au bivouac de son