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de la Révolution dans cette arme, notamment celle d’Égypte, et parvint au grade de colonel-major dans l’artillerie à pied de la garde impériale, grade qu’il occupait en 1809. Il fut nommé ensuite général de. brigade et aide-de-camp de l’Empereur, le 26 janvier 1813. En 1815 il suivit Napoléon à l’ile d’Elbe et en fut nommé gouverneur militaire et Ministre de la Guerre. Devenu, à son retour commandant général de la garde impériale, et après avoir fait des exploits à Waterloo, il fut compris ensuite dans l’ordonnance du 24 juillet 1815, traduit devant un Conseil de guerre et acquitté après avoir prononcé ces paroles : " Quand j’ai connu l’ordonnance du 24 juillet, je me suis rendu volontairement ; j’ai couru au-devant du jugement que je devais subir. Si je suis condamné par les hommes qui ne jugent les actions que sur les apparences, je serai absous par mon juge le plus implacable, ma conscience. Tant que la fidélité aux serments sera sacrée parmi les hommes, je serai justifié ; mais quoique je fasse le plus grand cas de leur opinion, je tiens encore plus à la paix de ma conscience. J’attends votre décision avec calme… »

Napoléon élevait au plus haut point les talents et les facultés du général Drouot. « Tout est problème dans la vie, disait-il ; ce n’est que par le connu qu’on peut arriver à l’inconnu. » Or il connaissait déjà comme certain dans Drouot tout ce qui pouvait en faire un grand général. Il le croyait supérieur à beaucoup de ses maréchaux. Il n’hésitait pas à le croire capable de commander cent mille hommes : « et peut-être ne s’en doutait-il pas, ajoutait-il, ce qui ne serait qu’une qualité de plus. » (LAS CASES.)

« Drouot vivrait aussi satisfait avec 40 sous par jour qu’avec le revenu d’un souverain. Plein de charité et de religion, sa probité et sa simplicité lui eussent fait honneur dans les plus beaux jours de la République romaine. » (O’MÉARA)

« 11 n’existait pas deux officiers dans le monde pareils à Mural pour la cavalerie et à Drouot pour l’artillerie. » (O’MÉARA.)

Entre mille actions d’éclat de Drouot il faut citer la grande part qu’il eut à la victoire de Lützen, où il commandait la fameuse artillerie légère de la garde, sa conduite à la bataille de Bautzen, où il fut nommé général de division, et l’affaire de Nangis, en 1814, où il franchit le déjilé de Vauclor sous le feu de 60 pièces d’artillerie. Ce fait d’armes, l’un des plus beaux de la campagne, suffirait pour l’immortaliser.

Drouot a refusé tout service et tout traitement, et il est rentré dans la vie privée. Son refus a été dicté par la crainte de se voir rappelé à l’activité et de se trouver, dans la prospérité, dans les honneurs, lorsque son bienfaiteur gémissait sur un rocher de l’Atlantique. En 1824 il accepta une pension de retraite qui lui fut offerte par le gouvernement en récompense de ses services. Il n’hésitait jamais à aider financièrement ses anciens soldats, allant même jusqu’à vendre les broderies de ses uniformes. En 1833, le duc d’Orléans (Louis-Philippe) lui avait offert la place de gouverneur des princes ses fils. Drouot avait cru devoir refuser.

Il avait commencé à écrire les mémoires de son temps, mais les infirmités, une cécité complète, interrompirent son travail. Ce brave général est mort à Nancy, le 24 mars 1847. Peu avant de mourir, il prononça ces simples paroles mais oh combien émouvantes : "Je vais rejoindre mon père, ma mère et mon Empereur"

Il avait été nommé légionnaire le 5 août 1804, officier de la Légion à Wagram, commandeur à la Moskowa, grand officier le 23 mars 1814 ; grand-croix le 18 octobre 1830 ; baron de l’Empire le 14 mars 1810 ; comte de l’Empire le 24 octobre 1813 ; pair de France par décret impérial le 2 juin 1815 ; pair de France par ordonnance royale le 19 novembre 1831.

Il était général de division depuis le 3 septembre 1813.

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