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zèle et dévouement de la mission qui lui avait été confiée. Employé ensuite avec son grade dans la 8e division militaire, il fut nommé lieutenant-général le 6 février 1792, et fut pourvu du commandement de la 7* division militaire le 15 du même mois.

Quelques troubles ayant eu lieu dans le Midi vers cette époque, et le gouvernement craignant que le rassemblement de Marseillais qui s’était porté sur Aix avec de l’artillerie et y avait désarmé le régiment suisse d’Ernest, ne voulût marcher sur Avignon, prescrivit le 6 mars suivant au général du Muy, de se rendre immédiatement à son poste et d’établir son quartier général dans cette ville, et autorisa cet officier général à tirer des T, 8’, 9e et 19e divisions militaires toutes les troupes qui lui seraient nécessaires. Le général du Muy eut à peine le temps de se rendre à son poste ; par décision du 25 du même mois, le roi nomma Witgenstein au commandement de cette réunion de troupes, qui prit le nom d1’armée du Midi.

Le général du Muy retourna dans sa division et fut chargé, au mois d’avril suivant, du commandement en chef des neuf départements qui devaient former l’armée des Pyrénées.

Mais bientôt après, le ministre de la guerre lui donna la mission délicate de ramener en Suisse le régiment d’Ernest, et il lui fut prescrit d’en prendre le commandement et de le conduire lui-même jusqu’à la frontière, où il le remettrait ensuite entre les mains de de Diesbach, qui devait venir le recevoir.

Les instructions du ministre lui enjoignaient en outre de le ramener en France, ou, si cela ne se pouvait, d’empêcher au moins qu’il n’entrât au service d’aucune puissance ennemie, ainsi que le désir en avait déjà été manifesté par plusieurs ambassadeurs étrangers. Le général du Muy exécuta fidèlement les intentions du ministre et obtint que le régiment d’Ernest, devenu Watteville, ne serait engagé au service d’aucun souverain étranger.

Pendant le temps qu’il négociait cette affaire, le général Montesquiou, commandant en chef l’armée des Alpes, sous les ordres duquel avait été placé le général du Muy, signala son absence aux commissaires de l’Assemblée nationale, qui, sans en examiner les motifs, prononcèrent sa suspension et le remplacèrent dans le commandement qui lui avait été conféré. Le ministre de la guerre adressa à l’Assemblée nationale uue réclamation conçue dans les termes suivants :

« Monsieur le président, j’ai appris avec peine que les commissaires de l’Assemblée nationale à l’armée du Midi ont destitué M. Félix du Muy, lieutenant-général, sous le prétexte qu’il était absent. Ils ignorent sans doute qu’il avait une mission particulière en Suisse. Par une. dépêche que je reçois aujourd’hui, datée de Huningue, il m’apprend qu’il sera bientôt à Paris pour rendre compte de sa mission. Je prie l’Assemblée de regarder la destitution de cet officier comme une erreur involontaire et en conséquence non avenue.

« SERVAN. »

L’Assemblée fit droit à ces justes observations, et il ne fut donné aucune suite à l’arrêté des commissaires. Vers la fin de septembre, le général du Muy fut chargé du licenciement des régiments suisses de Vigier et de Steigner. Porté sur la liste.des candidats pour le ministère de la guerre, il fut dénoncé à la Convention nationale, dans sa séance du 3 octobre 1792, parle représentant Chabot, comme ayant excité la guerre civile à Avignon. Cette accusation absurde, que démentaient d’ailleurs les faits et la conduite du général, fut cependant accueillie ;