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BÔI


II fit la campagne de l’an vm, à l’armée d’Italie, en qualité d’ordonnateur en chef. Le 25 nivôse an x, il fut nommé inspecteur aux revues, attaché à la place de Besançon.

Boinod, dans l’inflexibilité de ses principes, fut le seul de la vieille armée d’Italie qui protesta par un vote négatif contre le consulat à vie. Le premier consul ne s’en montra point offensé, et le 12 vendémiaire an xn, il l’employa près la cavalerie des camps établis sur les côtes de l’Océan. Quelque temps après, quand le peuple dut se prononcer au sujet de l’érection de l’Empire, Murât remit au premier consul le vote des corps de cavalerie et lui dit qu’il y avait un seul opposant. « Quel est-il ? demanda-t-il vivement. —C’est l’inspecteur Boinod. — Je le reconnais bien là ; c’est un quaker. »

Le 4 germinal an xn, l’Empereur comprit l’intègre Boinod sur la liste des membres de la Légion d’honneur. Boinod fit les campagnes de l’an xiv à la grande armée, et eut, le 21 juin 1806, l’inspection du 2* corps dans le Frioul.

Le 17 septembre suivant, l’Empereur fattacha au ministère de la guerre du royaume d’Italie et écrivit au vice-roi : « Je vous envoie Boinod, laissez-le faire. »

Nommé chevalier de la Couronne de Fer et officier de la Légion d’honneur, il reçut en 1808 une mission importante en Dalmatie et s’en acquitta avec le plus grand succès. Présenté pour le titre de baron lors de la création de la noblesse impériale : « Vous ne le connaissez pas, dit Napoléon en le rayant ; mais moi je le connais ; il refuserait. »

Nommé inspecteur aux revues de l’armée d’Italie, le prince vice-roi lui confia (15 mai 1809) l’intendance générale de ladite armée en Allemagne. Inspecteur en chef, par décret impé-

rial du 20 janvier 1840, il continua de servir à l’armée d’Italie.

Vers cette époque, l’armée vivait encore au moyen de réquisitions. Plusieurs des principaux habitants du pays ayant cru nécessaire de demander tin abonnement, nommèrent une députation qui devait se rendre auprès de l’Empereur à l’insu de Boinod ; mais celui-ci, en ayant eu connaissance, prit la poste et arriva à Paris un jour après les députés ; ceux-ci déjà reçus par l’Empereur, lui avaient proposé un abonnement de 17 millions auquel il paraissait disposé à consentir. Le lendemain, Boinod accourut : « Je viens, dit-il, empêcher Votre Majesté de commettre une grande faute. » Et il expose ses projets.

« Je connais les ressources du pays ; chargez-moi de cette négociation et vous obtiendrez près du double. — J’ai confiance en vos lumières et en votre probité, M. Boinod ; je vous donne mes pouvoirs, » lui dit l’Empereur. Le même jour, Eoinod va trouver les députés qui se croyaient sûrs du succès ; il les détrompe en leur disant : « L’Empereur n’a point donné son consentement. J’ai ses pleins pouvoirs ; vous ne traiterez qu’avec moi et sur les lieux. » De retour à Milan, il obtint trente-deux millions.

Comme premier administrateur de l’Italie, il lui était alloué 12 mille francs par mois pour frais de bureaux. Après quelques mois de service, il reconnut que 6 mille francs lui suffisaient, et il remboursa le surplus au trésor.

Pendant qu’il était au ministère de la guerre du royaume d’Italie, l’Empereur mit à sa disposition des fonds qui ne furent pas tous employés ; le reliquat se montait à une somme d’environ cent mille francs dont il voulut faire le versement au trésor ; mais l’Empereur s’y opposant, Boinod insista, affirmant que son traite-

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