Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/9

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Abd-el-Kader, à la mort de son père (1333), se retira quelque temps à Mascara, puis revint se mettre à la tête de ses troupes, fit bloquer la ville d’Oran par la tribu des Rharaba et couper toute communication avec Mostaganem par celle des Hachem. La tactique réussit, les arrivages cessèrent sur nos marchés. Les tribus soumises cherchèrent à se détacher de nous. Abd-el-Kader, profitant de l’état des esprits, nous tendit un piége dans lequel quatre des nôtres furent faits prisonniers et un cinquième tué. Le général Desmichels lui écrivit pour réclamer les soldats victimes d’une trahison infâme, mais Abd-el-Kader refusa de les rendre et termina sa réponse par un défi.

Le général Desmichels ne fit pas longtemps attendre la réponse. L’affaire de Tamezouat n’avait pas encore intimidé les Arabes. On avait, après le combat, renvoyé les femmes et les enfants des douars qui étaient tombés en notre pouvoir ; et les indigènes, ne comprenant nullement le motif de cette mesure, pensaient que nous avions agi, non pas avec générosité, mais avec faiblesse.

Lorsque, après cette sortie, les marchés d’Oran se furent un peu approvisionnés, le général Desmichels écrivit de nouveau à Abd-el-Kader pour lui demander une entrevue. L’émir n’eut garde de se présenter lui-même, il se croyait trop au-dessus de nos généraux par sa position souveraine : il n’a daigné accorder cette faveur qu’au maréchal Bugeaud, à M. de Lamoricière et à M. le duc d’Aumale.

A la lettre du général Desmichels il répondit que sa religion lui défendait de demander la paix, mais qu’elle lui permettait de l’accepter si elle lui était proposée. Abd-el-Kader sentait alors le besoin de cesser les hostilités contre nous, et malgré le léger revers, que nous éprouvâmes près d’Oran, dans un lieu nommé Das-el-Bidah (la Maison blanche), il continua les négociations entamées, en engageant son Aga, Mouloud-bcn-Arrach et le Caïd Ouled-Mahmoud, pour s’entendre en dehors d’Oran, avec le juif Mandoukaï-Amar, sur les bases du traité de paix qui allait être passé entre la France et les Arabes. Abd-el-Kader insistait pour avoir Mostaganem, mais se voyant refuser sur ce point, il demanda Arzew, où il parvint à établir de fait son autorité sans en avoir obtenu le droit. Lorsqu’il fut question de rédiger ce traité, on vit combien la diplomatie arabe est supérieure à la nôtre. Nous commencions par reconnaître comme prince légitime un marabout qui n’était qu’usurpateur. Nous eûmes à nous en repentir plus tard.

On était d’accord sur les trois dispositions suivantes du traité : 1° soumission des Arabes à la France ; 2° liberté du commerce pleine et entière ; 3° remise immédiate des prisonniers. Lorsque les envoyés d’Abd-el-Kader s’occupèrent de la rédaction de cet acte important, conjointement avec les principaux chefs civils & militaires de la province, on y fit régner une telle obscurité, on négligea des points d’une si haute importance, tels, entre autres, que la délimitation du sol administré par Abd-el-Kader, enfin les envoyés de l’émir déployèrent tant de ruse et d’habileté, que les conditions principales posées par nous étaient comme annulées, et que ce traité, que nous leur imposions, semblait être plus favorable aux Arabes qu’à nous.

Ce traité fut signé le 24 février 1834. Abd-el-Kader, satisfait, croyait son repos assuré, lorsque de nouveaux ennemis vinrent l’attaquer dans sa retraite.

Mustapha-ben-Ismael, chef des douars, et qui avait été Aga avant la conquête, ne pouvait se résoudre à se soumettre à un usurpateur, ou, comme il disait, à un