Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/564

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les murs d’une place en même temps que l’armée assiégeante. Dans les montagnes les plus abruptes, nos colonnes se firent suivre de pièces si légères, que deux mulets suffisaient à les porter, et qu’au besoin même les canonniers les auraient traînées partout où le pas de l’homme pouvait pénétrer.

De 1822 à 1830, Valée se consacra sans relâche à l’exécution du vaste plan qu’il avait conçu. Pour la défense des places et des côtes, il fit adopter un affût dont la simplicité, la légèreté, jointes à la solidité en ont fait une invention précieuse. Nos manufactures d’armes si mal placées près de la frontière, furent, sur sa proposition, transportées dans l’intérieur : Saint-Étienne, Châtellerault s’élevèrent. Dans la fabrication de la poudre, des meules remplacèrent l’ancien mode de trituration si vicieux. Le corps dit du train d’artillerie fut supprimé. On sait que sa tâche, comme celle des chevaux qu’il conduisait, consistait à mener les pièces sur le terrain, où il demeurait immobile au milieu des balles et des boulets : on demandait à ce corps le courage le plus impassible et on lui refusait l’honneur de combattre ; Valée, frappé des inconvénients de la division de l’artillerie en trois corps, conçut la pensée de donner au personnel, comme au matériel, l’unité qui leur avait toujours manqué. La batterie devint un tout complet, où les conducteurs et les canonniers, placés dans les mêmes conditions, obéissaient au même officier. Chaque régiment d’artillerie eut le même nombre de batteries à pied et de batteries à cheval ; les batteries à pied reçurent des chevaux d’attelage. Officiers et soldats furent tenus de compléter pendant la paix leur instruction de guerre.

Le gouvernement, pour récompenser les services du général Valée, rétablit pour lui l’emploi et la dignité de premier inspecteur général, et le roi Charles X le nomma Pair héréditaire du royaume, par une ordonnance du 27 janvier 1830.

Quand l’expédition d’Alger fut résolue, une commission, composée des officiers les plus expérimentés de nos armées de terre et de mer, fut chargée d’examiner les difficultés de l’expédition et de préparer le plan de campagne. Valée y soutint avec chaleur que l’entreprise était susceptible d’un plein succès ; il indiqua la part de tous les services, et employa son activité à organiser celui de l’artillerie. On connaît le succès de l’expédition.

À la Révolution de 1830, l’emploi de premier inspecteur général de l’artillerie fut supprimé, Valée se retira dans le Loiret et s’y livra à l’agriculture ; mais on ne pouvait tarder à l’enlever à sa retraite. Il fut conseiller d’État en 1834, membre de la Commission chargée dés questions relatives à la fabrication de la poudre et au commerce du salpêtre, puis enfin rappelé à la Pairie.

En 1837, lors des préparatifs pour la seconde expédition de Constantine, le cabinet obtint du roi que l’artillerie et le génie fussent dirigés par le général Valée. Mais au moment de donner l’assaut à Constantine, un boulet des assiégés vint frapper à côté du duc de Nemours le brave général en chef Damrémont ; Valée le remplaça, et, le 15, l’antique cité de Jugurtha vit flotter, après mille ans, sur ses murs renversés, le drapeau d’un peuple chrétien. Aussitôt que le canon des Invalides eut annoncé à Paris cette nouvelle, le roi nomma Valée gouverneur de l’Algérie, et, peu de jours après, lui envoya le bâton de maréchal de France.

La province de Constantine, en moins de deux années fut soumise, organisée, administrée de telle manière qu’un impôt régulier s’y percevait sans la moindre résistance, et qu’un voyageur pouvait la parcourir sans escorte. Jugeant inévitable et prochaine