Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/153

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Dipanon ne le savait pas.

— En votre qualité de contrôleur, vous auriez dû le savoir ! Moi, je le sais répéta Havelaar. Voici les rapports mensuels des districts ; — et il lui montra les papiers qu’on lui avait remis au commencement de la séance — regardez, je n’ai encore rien ouvert. Là dedans, se trouvent, entre autres choses, les déclarations des travailleurs livrés au chef-lieu, pour la corvée… eh bien ! les déclarations sont-elles exactes ?

— Je ne les ai pas encore examinées…

— Moi, non plus, et je vous demande quand même si elles sont exactes. Est-ce que les déclarations du mois précédent l’étaient ?

Dipanon gardait toujours le silence le plus prudent.

— Je vais vous le dire, moi. Elles étaient fausses. On avait convoqué trois fois plus de bras pour travailler au profit du Prince-Régent que les règlements sur les corvées ne le permettaient ; et l’on n’a pas osé constater cela dans les déclarations. Est-ce vrai, ce que je dis ?

Dipanon se taisait de plus en plus.

Les déclarations que je viens de recevoir aujourd’hui sont fausses aussi. Le Prince-Régent est pauvre. Les Régents de Bandoung et de Tjiandjour sont des membres de la famille dont il est le chef. Il est prince, noble, d’antique naissance, pourtant ses revenus, — Lebac n’étant pas favorable à la culture du café, et ne lui rapportant rien — ne lui permettent pas de rivaliser de pompe et d’éclat avec un simple chef de district, dans les régences de Préang, obligé, par le cérémonial, à tenir la bride du cheval, monté par ses neveux. Est-ce vrai ?

— Oui, c’est ainsi.