Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/283

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Havelaar savait cela parfaitement ; mais, pas plus à Rangkas-Betoung qu’à Amboina, pas plus à Menado qu’à Natal, il n’avait fait usage de ce droit.

Cela lui répugnait de faire entretenir son jardin, à force d’amendes infligées pour de minces délits ; et maintes fois, il s’était demandé comment le Gouvernement laissait vivre des lois, pouvant pousser le fonctionnaire à punir des fautes pardonnables, à les punir rigoureusement même, d’une façon disproportionnée, et à mesurer le châtiment à l’étendue de son esplanade.

L’idée seule que le condamné pouvait supposer que son arrêt avait un but intéressé, résultat de son intérêt personnel, lui faisait toujours préférer la réclusion à une autre peine, quand il lui était impossible de faire grâce.

Et voilà comment il advint que le petit Max ne pouvait pas jouer dans le jardin ; voilà comment la pauvre Tine ne tira pas de ses fleurs tout le plaisir qu’elle s’était promis, le jour de son arrivée à Rangkas-Betoung.

Il va sans dire que tous ces petits désagréments, et autres encore, qui ne valent pas la peine d’être cités, ne troublaient pas l’esprit d’une famille possédant sous la main tant de matériaux pour rendre heureuse sa vie domestique ; et ce n’était pas à ces minces détails qu’il fallait attribuer l’air soucieux de Havelaar, à son retour d’une excursion ou d’une réception, dans laquelle il avait fait droit à la demande de Pierre ou de Paul.

Nous avons entendu dans son allocution aux chefs convoqués qu’il voulait faire son devoir, et qu’il avait l’intention de ne jamais baisser pavillon devant l’injustice.