Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/361

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Si je tombe d’une cocotier, je mourrai au pied de l’arbre, et l’on me trouvera gisant, brisé dans les broussailles, comme Si-ounah.
Ma mère ne pleurera pas, elle est morte, mais, d’autres s’écrieront : c’est Saïdjah, qui est étendu là.


» Je ne sais où je mourrai.
J’ai vu le cadavre de pa-lisou, mort dans la plus extrême vieillesse ses cheveux étaient tout blancs. Si je meurs très vieux, avec des cheveux tout blancs, les pleureuses m’entoureront.
Elles feront retentir l’air de leur désespoir.
Les petits enfants aussi pleureront très fort.
Je ne les entendrai pas.


» Je ne sais où je mourrai.
J’ai vu beaucoup de morts à Badour. On leur mettait un linceul blanc, et on les enterrait.
Si je meurs à Badour, on m’enterrera hors du village, a l’Est, près la colline, lu, où l’herbe est très épaisse, et très haute.
Adenda viendra, elle passera sur ma tombe, et le bord de sa tunique glissera doucement tout le long du gazon…
Je l’entendrai.


Saïdjah arriva enfin à Batavia.

Il alla prier un homme riche de le prendre à son service. Cet homme le prit pour groom, par la raison qu’il ne le comprenait pas.

À Batavia on préfère les domestiques, qui ne savent pas le malais ; on est certain qu’ils ne sont pas aussi corrompus que ceux qui fraient, depuis long-temps, avec les Européens.

Saïdjah apprit vite le malais, mais, sa conduite resta irréprochable.

Il pensait toujours aux deux buffles qu’il voulait acheter ; il pensait toujours à Adenda.