Page:Multatuli - Max havelaar, traduction Nieuwenhuis, 1876.djvu/414

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En cela, je le sais, vous avez confiance dans ma loyauté.

Mais, je prends la liberté de protester le plus solennellement possible contre la plus petite apparence de blâme s’appliquant à une seule des phrases, dites ou écrites par moi en cette affaire.

J’ai la conviction que j’ai fait mon devoir, dans la forme et dans le fond, tout mon devoir, rien que mon devoir, sans m’être écarté, un instant, de la droite ligne.

J’ai réfléchi longtemps avant d’agir, c’est-à-dire, avant d’ouvrir une enquête, avant d’écrire un rapport, avant de vous expédier ma proposition.

Si j’ai failli en quoi que ce soit… ce ne sera point, par trop de précipitation que j’aurai failli.

Si pareille circonstance se présentait de nouveau, j’agirais encore, et littéralement de la même façon, — toutefois en m’y prenant avec un peu plus de célérité.

Et, dans le cas où une autorité supérieure à la vôtre viendrait à désapprouver quelque chose dans ma manière d’agir ou d’être… — sauf mon style, une partie de moi-même, un défaut dont je suis aussi peu responsable, qu’un homme, qui bégaie est peu responsable de son bégaiement — quand même il en serait ainsi… allons, non, cela ne peut pas être… mais, quand même il en serait ainsi, je dormirais la conscience tranquille… j’aurais fait mon devoir.

Je regrette bien — toutefois sans m’en étonner — que vous en jugiez autrement.

S’il ne s’agissait que de moi, et de ma personnalité, je me résignerais à être méconnu ; mais, il y a un principe en jeu, et une question de conscience, qui me forcent à aller plus loin.