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V.


Sur la grand’route, qui met en communication la division Pandeglang avec Lebac, il y avait à dix heures du matin un mouvement inusité. « Grand’route » est peut-être un mot prétentieux pour le large sentier que l’on appelait « route » par complaisance, et faute de mieux. Mais en partant de Serang, chef-lieu de Bantam, dans une voiture à quatre chevaux pour aller à Rangkas-Betoeng, le nouveau chef-lieu de la division Lebac, on pouvait à peu près être sûr d’y arriver tôt ou tard. Donc, c’était un moyen de transport, bien que l’on restât à chaque moment enfoncé dans la boue, qui dans les terres basses de Bantam est épaisse, glaiseuse et gluante, et quoiqu’on se vit obligé chaque fois d’appeler à son secours les habitants des villages les plus rapprochés, — à quelque distance qu’ils se trouvassent, car ils ne sont pas nombreux dans ces contrées-là. — Enfin, après avoir réussi à réunir une vingtaine de cultivateurs des environs, on ne tardait généralement pas à remettre chevaux et voiture sur le terrain praticable. Le cocher faisait claquer son fouet ; les coureurs, — en Europe on dirait, « les palefreniers, » je crois, ou plutôt en Europe on ne leur donnerait pas de nom, n’ayant rien qui leur ressemble, — ces incomparables coureurs, armés de leurs petits