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LA DENT DU REQUIN

tant vantées se brisaient au moindre effort, ne servant à rien d’utile, sinon à remplir mes poches de débris de glace. Je m’arrangeai ensuite à atteindre un endroit où Collie, sur l’autre côté de la crevasse et armé d’un piolet anormalement long, manœuvrait juste de manière à m’embrocher avec sa pointe ; c’est dans ces conditions pénibles et humiliantes que j’abordai, couvert de neige fondante, à une petite arête de glace entre deux profondes crevasses.

Slingsby était déjà reparti dans l’obscurité, le long d’une crête étroite de glace, avec de profonds précipices de chaque côté. Après lui, nous suivons et nous contournons divers obstacles ; une courte glissade nous amène sur le plateau du glacier, et nous commençons à nous réjouir dans l’espoir sûr et certain de retrouver nos sacs de nuit, et d’avoir de la soupe chaude.

Les mémoires combinées de Slingsby et de Collie nous sortent du glacier libre sur la moraine, juste au bon endroit, et nous évitons toutes les difficultés que nous avons rencontrées là le matin. Sentant que notre travail est près de finir nous faisons halte quelques minutes. Quand nous nous remettons en route, nous essayons de sortir de l’endroit où nous sommes ; à notre droite, nous apercevons se dessinant dans l’ombre un gros sérac, à gauche se trouve une pente de glace qui plonge à pic dans la nuit. Par le procédé d’élimination, nous décidons que notre route doit être devant nous, et, comme nous nous souvenons que cette langue de glace a été trouvée très rapide, même au jour, nous utilisons notre halte à mettre de longs crampons à nos bottes.

En essayant de descendre, nous trouvons que la glace devient beaucoup plus raide ; un membre de la caravane proteste que ce n’est pas là la route par laquelle nous