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PAR L’ARÊTE NORD-OUEST

cédente, fait un si infructueux travail. Mais du moins, au point que nous visions à l’heure actuelle, nous serions au dessus du grand mur de glace et des séracs menaçants, et à peu près certains de forcer notre route au sommet. L’itinéraire menant à ce col conduisait à une longue cheminée, qui formait une ligne de démarcation entre le grand promontoire Nord et la masse principale de la montagne. Malheureusement les vapeurs se collaient obstinément à ce couloir et, après deux heures d’attente, le brouillard ne se dissipant pas, une retraite immédiate s’imposait. Je revins au camp juste comme le crépuscule s’assombrissait des brumes de la nuit, pour y trouver un feu brillant et une soupe chaude, et un tableau plus étrange et plus pittoresque que celui qui d’ordinaire réjouit les yeux d’un habitué des cabanes modernes. Hastings et Collie avaient déterré un chalet ruiné et de ses débris avaient bâti une construction à la façon d’une tranchée, qui, habilement couverte par le plancher de la tente, ferait, disaient-ils, un splendide dortoir. Slingsby et moi, nous exprimâmes le désir, selon notre magnanimité habituelle, de nous contenter du logement inférieur de la tente. Nous pûmes conclure de remarques diverses, le lendemain matin — ne devrais-je pas dire la même nuit ? — que notre générosité n’avait pas été sans récompense. Nous partons à 1 h. 45 mat[1]. Le ciel est sans nuages,

    en maintenant à ce glacier un nom distinct puisqu’il a une identité propre, de ne pas lui garder le nom de Glacier du Plan, mais de lui donner un nom, rappelant la mémorable tentative dont il fut témoin, tel que le nom de Glacier du Bivouac. Voy. en outre la note de la page 164. — M. P.

  1. Le 7 août 1893 : une note technique assez détaillée, relative à cette première ascension par la face Sud et au remarquable passage en col de cette belle aiguille, a été publiée dans l’Alpine Journal de novembre 1893, XVI, p. 513-14. Une première tentative avait été faite sur le versant Nord-Ouest, le 8 août 1880, par M. J. Baumann, accompagné d’É. Rey et de À Maurer ; M. Baumann en a fait le récit, sous le titre « An Advanture on the Aiguille du Plan », dans l’Alpine Journal, X, p. 443-52. — M. P.