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QUELQUES COLS CAUCASIENS

En face se trouve un bassin glaciaire, fermé au Nord par un petit mur de rochers déchiquetés. Ce mur évidemment va en contournant plus à l’est, et ferme le haut du glacier. Zurtfuh et le Tartare tournent à gauche, ne doutant pas que notre route doive se trouver dans cette direction. Pendant un moment, je ne parviens pas tout à fait à comprendre où nous sommes ; une halte est donc décrétée. Un examen de quelques minutes me convainc que le puissant sommet qui bloque la largeur entière de la gorge, en bas de laquelle le glacier situé devant nous se fraye son chemin, ne peut être autre que l’Ush-ba lui-même, et que le glacier doit être le Glacier de Leksur. Il était donc évident que notre chemin se trouvait à droite, et que nous devions forcer notre route à travers l’arête en face, si nous voulions souper cette nuit avec les bergers du Bashil Su.

Pour éviter de perdre de la hauteur, nous suivons en courbe les pentes à notre droite, et une simple descente nous amène au glacier libre. Nous commençons alors à ascensionner une muraille rapide de neige glacée, qui nous porte sur le réservoir supérieur du Leksur. Bien qu’extrêmement étroit, il se trouve considérablement long, et nous n’atteignons pas l’arête[1] avant 11 h. mat.

Un vent violent nous chasse de la crête même de l’arête, et nous faisons halte sur quelques rocs, à 1 mètre environ en dessous du col, sur le côté de Chegem. Après une demi-heure de repos, nous dégringolons les rochers aussi longtemps qu’ils sont praticables, et nous prenons alors une facile pente de glace, couverte sur une épaisseur de 15 centimètres d’un peu de neige assez adhérente. Le Tartare suit sans aucune difficulté Zurfluh, les pas dans ses marches, mais, malheureusement, il s’impatiente de

  1. Au Col de Leksur lui-même. — M. P.