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DE L’ALPINISME

de son côté ; les chances contraires sont là cependant pour garder la loyauté du pari, et pour prouver aussi à quel degré la décadence physique nous a pénétrés. Peu de personnes, parmi celles qui ont les connaissances suffisantes pour prononcer un jugement impartial, voudront nier que l’alpinisme ait une haute valeur d’éducation. Qu’il ait son mauvais côté, je l’admets franchement : nul ne pourra jeter les yeux sur son triste nécrologe sans ressentir que notre sport se paye d’un effroyable prix.

L’alpinisme étant un sport non complètement exempt de danger, il convient que nous examinions la façon dont ce danger peut venir et la manière dont on peut se mesurer avec lui et le vaincre. Dans la montagne, comme ailleurs, « c’est l’inattendu qui arrive toujours ». C’est un moment d’oubli dans un endroit facile, une faute d’attention, un regard distrait qui sont les auteurs habituels du désastre. Il semble que jusqu’à un certain point les dangers sont évitables et que par conséquent les hautes autorités dont nous avons parlé plus haut peuvent justifier leur optimisme. Mais qui de nous peut se vanter que son attention envers la pente comme envers ses compagnons ne faiblira jamais, que ses yeux seront toujours en éveil sur les chutes de pierres, sur les rochers instables, sur les crevasses cachées, et sur toutes les chausse-trapes que Dame Nature répand à profusion le long des « monts solitaires » ? La principale source de danger est cette nécessité d’une attention incessante, l’invariable promptitude de la glace, de la neige et du rocher à punir sans répit un instant d’oubli, ou la plus légère négligence. La première leçon que doit apprendre le novice est d’être toujours sur ses gardes, et c’en est une sur laquelle les plus vieux grimpeurs sont rarement passés maîtres. Malheureusement, c’est un enseignement que le