Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/179

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Lutter avec Dieu et le diable, cela n’est rien ; mais lutter avec des bouts de ferraille croisés les uns sur les autres par la main sale d’un armurier ! — Je passerai le second pour entrer ; il posera son épée là, — ou là, — oui, sur le canapé. — Quant à l’affaire du baudrier à rouler autour de la garde, cela est aisé. S’il pouvait lui prendre fantaisie de se coucher, voilà où serait le vrai moyen. Couché, assis ou debout ? Assis plutôt. Je commencerai par sortir. Scoronconcolo est enfermé dans le cabinet. Alors nous venons, nous venons. Je ne voudrais pourtant pas qu’il tournât le dos. J’irai à lui tout droit. Allons ! la paix, la paix ! l’heure va venir. — Il faut que j’aille dans quelque cabaret ; je ne m’aperçois pas que je prends du froid ; je boirai une bouteille. — Non, je ne veux pas boire. Où diable vais-je donc ? les cabarets sont fermés.

Est-elle bonne fille ? — Oui, vraiment. — En chemise ? — Oh ! non, non, je ne le pense pas. — Pauvre Catherine ! — Que ma mère mourût de tout cela, ce serait triste. Et quand je lui aurais dit mon projet, qu’aurais-je pu y faire ? au lieu de la consoler, cela lui aurait fait dire : « Crime ! crime ! » jusqu’à son dernier soupir.

Je ne sais pourquoi je marche, je tombe de lassitude.

Il s’assoit.

Pauvre Philippe ! une fille belle comme le jour ! Une seule fois je me suis assis près d’elle sous le marronnier ; ces petites mains blanches, comme cela travaillait ! Que de journées j’ai passées, moi, assis sous les arbres !