Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/212

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bouche ; il n’y a de changé en moi qu’une misère : c’est que je suis plus creux et plus vide qu’une statue de fer-blanc.

Philippe.

Partons ensemble ; redevenez un homme ; vous avez beaucoup fait, mais vous êtes jeune.

Lorenzo.

Je suis plus vieux que le bisaïeul de Saturne ; je vous en prie, venez faire un tour de promenade.

Philippe.

Votre esprit se torture dans l’inaction ; c’est là votre malheur. Vous avez des travers, mon ami.

Lorenzo.

J’en conviens ; que les républicains n’aient rien fait à Florence, c’est là un grand travers de ma part. Qu’une centaine de jeunes étudiants, braves et déterminés, se soient fait massacrer en vain ; que Côme, un planteur de choux, ait été élu à l’unanimité, oh ! je l’avoue, je l’avoue, ce sont là des travers impardonnables, et qui me font le plus grand tort.

Philippe.

Ne raisonnons pas sur un événement qui n’est pas achevé. L’important est de sortir d’Italie ; vous n’avez point encore fini sur la terre.

Lorenzo.

J’étais une machine à meurtre, mais à un meurtre seulement.