Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/237

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Jacqueline.

Non, je ne veux rien dire ici.

Maître André.

Pourquoi ?

Jacqueline.

Parce que je veux aller en justice.

Maître André.

Vous êtes capable de me rendre fou, et il me semble que je rêve. Éternel Dieu, créateur du monde ! je m’en vais faire une maladie. Comment ? quoi ? cela est possible ? J’étais dans mon lit ; je dormais, et je prends les murs à témoin que c’était de toute mon âme. Landry, mon clerc, un enfant de seize ans, qui de sa vie n’a médit de personne, le plus candide garçon du monde, qui venait de passer la nuit à copier un inventaire, voit entrer un homme par la fenêtre ; il me le dit, je prends ma robe de chambre, je viens vous trouver en ami, je vous demande pour toute grâce de m’expliquer ce que cela signifie, et vous me dites des injures ! vous me traitez de furieux, jusqu’à vous élancer du lit et à me saisir à la gorge ! Non, cela passe toute idée ; je serai hors d’état pour huit jours de faire une addition qui ait le sens commun. Jacqueline, ma petite femme ! c’est vous qui me traitez ainsi.

Jacqueline.

Allez, allez ! vous êtes un pauvre homme.

Maître André.

Mais enfin, ma chère petite, qu’est-ce que cela te