Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/24

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métayers et leurs bœufs, tout cela me regarde. À la première fleur que je verrai pousser, je mets tout à la porte, et je vous emmène alors.

La Marquise.

La première fleur de notre belle pelouse m’est toujours chère. L’hiver est si long ! Il me semble toujours que ces pauvres petites ne reviendront jamais.

Ascanio.

Quel cheval as-tu, mon père, pour t’en aller ?

Le Marquis.

Viens avec moi dans la cour, tu le verras.

Il sort. — La marquise reste seule avec le cardinal. — Un silence.
Le Cardinal.

N’est-ce pas aujourd’hui que vous m’avez demandé d’entendre votre confession, marquise ?

La Marquise.

Dispensez-m’en, cardinal. Ce sera pour ce soir, si Votre Éminence est libre, ou demain, comme elle voudra. — Ce moment-ci n’est pas à moi.

Elle se met à la fenêtre et fait un signe d’adieu à son mari.
Le Cardinal.

Si les regrets étaient permis à un fidèle serviteur de Dieu, j’envierais le sort de mon frère. — Un si court voyage, si simple, si tranquille ! — une visite à une de ses terres qui n’est qu’à quelques pas d’ici ! — une absence d’une semaine, — et tant de tristesse, une si douce tristesse, veux-je dire, à son départ ! Heureux celui qui sait se faire aimer ainsi après sept