Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/269

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Maître André.

Non ! je ne veux pas d’aujourd’hui entendre parler d’une affaire. Je veux qu’on s’évertue à danser et qu’il ne soit question que de rire. Je suis ravi, je nage dans la joie, et je n’entends qu’à bien dîner.

Clavaroche.

Peste ! vous êtes en belle humeur, maître André, à ce que je vois.

Maître André.

Il faut que je vous dise à tous ce qui m’est arrivé hier. J’ai soupçonné injustement ma femme ; j’ai fait mettre le piège à loup devant la porte de mon jardin, j’y ai trouvé mon chat ce matin ; c’est bien fait ; je l’ai mérité. Mais je veux rendre justice à Jacqueline, et que vous appreniez de moi que notre paix est faite, et qu’elle m’a pardonné.

Jacqueline.

C’est bon, je n’ai pas de rancune ; obligez-moi de n’en plus parler.

Maître André.

Non, je veux que tout le monde le sache. Je l’ai dit partout dans la ville, et j’ai rapporté dans ma poche un petit Napoléon en sucre7 ; je veux le mettre sur ma cheminée en signe de réconciliation, et toutes les fois que je le regarderai, j’en aimerai cent fois plus ma femme. Ce sera pour me garantir de toute défiance à l’avenir.