Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/408

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l’accomplissant ? Pourquoi ce ciel immense n’est-il pas immobile ? Dis-moi, s’il y a jamais eu un moment où tout fut créé, en vertu de quelle force ont-ils commencé à se mouvoir, ces mondes qui ne s’arrêteront jamais ?

Cécile.

Par l’éternelle pensée.

Valentin.

Par l’éternel amour. La main qui les suspend dans l’espace n’a écrit qu’un mot en lettres de feu. Ils vivent parce qu’ils se cherchent, et les soleils tomberaient en poussière si l’un d’entre eux cessait d’aimer.

Cécile.

Ah ! toute la vie est là !

Valentin.

Oui, toute la vie, — depuis l’océan qui se soulève sous les pâles baisers de Diane jusqu’au scarabée qui s’endort jaloux dans sa fleur chérie. Demande aux forêts et aux pierres ce qu’elles diraient si elles pouvaient parler. Elles ont l’amour dans le cœur et ne peuvent l’exprimer. Je t’aime ! voilà ce que je sais, ma chère ; voilà ce que cette fleur te dira, elle qui choisit dans le sein de la terre les sucs qui doivent la nourrir ; elle qui écarte et repousse les éléments impurs qui pourraient ternir sa fraîcheur ! Elle sait qu’il faut qu’elle soit belle au jour, et qu’elle meure dans sa robe de noce devant le soleil qui l’a créée. J’en sais moins qu’elle en astronomie ; donne-moi ta main, tu en sais plus en amour.