Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/45

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vaste et tranquille ! Comme Dieu est partout ! Mais vous baissez la tête ; vous êtes inquiète depuis ce matin.

Marie.

Inquiète, non, mais affligée. N’as-tu pas entendu répéter cette fatale histoire de Lorenzo ? Le voilà la fable de Florence.

Catherine.

Ô ma mère ! la lâcheté n’est point un crime ; le courage n’est pas une vertu : pourquoi la faiblesse est-elle blâmable ? Répondre des battements de son cœur est un triste privilège ; Dieu seul peut le rendre noble et digne d’admiration. Et pourquoi cet enfant n’aurait-il pas le droit que nous avons toutes, nous autres femmes ? Une femme qui n’a peur de rien n’est pas aimable, dit-on.

Marie.

Aimerais-tu un homme qui a peur ? Tu rougis, Catherine ; Lorenzo est ton neveu, tu ne peux pas l’aimer ; mais figure-toi qu’il s’appelle de tout autre nom, qu’en penserais-tu ? Quelle femme voudrait s’appuyer sur son bras pour monter à cheval ? Quel homme lui serrerait la main ?

Catherine.

Cela est triste, et cependant ce n’est pas de cela que je le plains. Son cœur n’est peut-être pas celui d’un Médicis ; mais, hélas ! c’est encore moins celui d’un honnête homme.