Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/77

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Lorenzo.

Le croyez-vous, mon oncle ?

Bindo.

Je t’ai vu faire des armes à Rome ; mais cela ne m’étonnerait pas que tu devinsses plus vil qu’un chien, au métier que tu fais ici.

Lorenzo.

L’histoire est vraie : je me suis évanoui. Bonjour, Venturi. À quel taux sont vos marchandises ? comment va le commerce ?

Venturi.

Seigneur, je suis à la tête d’une fabrique de soie, mais c’est me faire une injure que de m’appeler marchand.

Lorenzo.

C’est vrai. Je voulais dire seulement que vous aviez contracté au collège l’habitude innocente de vendre de la soie.

Bindo.

J’ai confié au seigneur Venturi les projets qui occupent en ce moment tant de familles à Florence. C’est un digne ami de la liberté, et j’entends, Lorenzo, que vous le traitiez comme tel. Le temps de plaisanter est passé. Vous nous avez dit quelquefois que cette confiance extrême que le duc vous témoigne n’était qu’un piège de votre part. Cela est-il vrai ou faux ? Êtes-vous des nôtres, ou n’en êtes-vous pas ? voilà ce qu’il nous faut savoir. Toutes les grandes familles voient bien que