Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/122

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La maréchale.

Vos querelles, mon fils, me font mourir de rire.
À Lisette, qui veut sortir.
Lisette, demeurez ; j’ai deux mots à vous dire.

Le duc.

Riez, si vous voulez, madame, à vous permis ;
Vous ne me ferez pas du tout changer d’avis.
Non, je ne conçois pas, sur quoi que l’on se fonde,
Cette obstination à s’exiler du monde,
Cette rage de vivre au fond d’un vieil hôtel,
De bouder le plaisir comme un péché mortel,
Et de rester à coudre une tapisserie,
Quand tout Paris se masque, et quand je vous en prie.

La duchesse.

Je ne veux rien qui soit contre votre désir ;
Monsieur, je suis souffrante, et je ne puis sortir.

Le duc.

Bon ! souffrante, c’est là votre excuse ordinaire.

La maréchale.

Mais s’il est vrai, mon fils…

Le duc.

Mais s’il est vrai, mon fils…Il n’en est rien, ma mère.
Souffrante ! voilà bien le grand mot féminin.
Mais l’étiez-vous hier ? le serez-vous demain ?
Non, vous l’êtes ce soir, et qu’avez-vous, de grâce ?
Un mal qui vous arrive aussi vite qu’il passe,
Des vapeurs, sûrement. La belle invention !