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ACTE DEUXIÈME



Scène première


BERTHAUD, seul.

Comme ces grands seigneurs sont longs à s’habiller !
Le monde est si lambin que ça m’en fait bâiller.
Louison m’a dit d’attendre et de guetter son maître,
Pour lui glisser mon mot sitôt qu’il va paraître.
Je suis depuis tantôt caché dans le grenier.
Il lui faut plus de temps, rien que pour un soulier,
Qu’à moi pour ma perruque. On le peigne, on le frise ;
Ses bas sur ses talons, sa veste à moitié mise,
Un coiffeur par derrière, un tailleur par devant,
Une houppe à la main, il se mire en rêvant.
Et du blanc, et du rouge, et du musc, et de l’ambre,
Des tourbillons de poudre à ravager la chambre ;
Pouah ! — s’il faut pour un duc faire ce métier-là,
Autant vaut être femme, ou danseur d’Opéra.
Je voudrais bien savoir ce que dirait mon père
Si je m’enfarinais d’une telle manière,
Lui qui savait si bien me pousser par le dos