Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/14

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Mathilde.

Comptez-vous jouer ce soir, mon ami ?

Chavigny.

Eh ! ma chère, quelle idée avez-vous ? On joue, mais on ne compte pas jouer.

Mathilde.

Avez-vous de l’or dans vos poches ?

Chavigny.

Peut-être bien. Est-ce que vous en voulez ?

Mathilde.

Moi, grand Dieu ! que voulez-vous que j’en fasse ?

Chavigny.

Pourquoi pas ? Si j’ouvre votre porte trop vite, je n’ouvre pas du moins vos tiroirs, et c’est peut-être un double tort que j’ai.

Mathilde.

Vous mentez, monsieur ; il n’y a pas longtemps que je me suis aperçue que vous les aviez ouverts, et vous me laissez beaucoup trop riche.

Chavigny.

Non pas, ma chère, tant qu’il y aura des pauvres. Je sais quel usage vous faites de votre fortune, et je vous demande de me permettre de faire la charité par vos mains.

Mathilde.

Cher Henri ! que tu es noble et bon ! Dis-moi un peu : te souviens-tu d’un jour où tu avais une petite