Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/292

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Bettine.

Étiez-vous là ? M’auriez-vous écoutée ?

Le marquis.

Non, Dieu m’en garde ! mais j’ai entendu.

Bettine.

Marquis !

Le marquis.

Ne vous fâchez pas, de grâce, et ne vous défendez pas non plus. Je venais vous voir tout bonnement, comme je vous l’avais dit, pour vous faire mes adieux. Il n’y avait personne à la salle basse, ni personne dans la galerie. J’attendais, devant vos tableaux, qu’il vînt à passer quelqu’un de vos gens, lorsque votre voix est venue jusqu’à moi. Je n’ai pas tout saisi au juste, mais j’ai bien compris à peu près. Vous payez une petite dette et vous ne voulez pas qu’on le sache. Vous vous cachez même sous le nom d’un autre ; — c’est bien vous, cela, Élisabeth. Seriez-vous blessée de ce qu’une fois de plus j’ai eu la preuve de tout ce que votre âme renferme de délicatesse et de générosité ?

Bettine.

Mais… est-ce qu’il y a longtemps que vous êtes là ?

Le marquis.

Non, il n’y a pas plus de deux minutes, et, je vous le dis, j’ai compris vaguement. Comme je mettais le pied sur l’escalier, j’ai aperçu votre monsieur de… Steinberg, qui s’en allait par le jardin. Il ne m’a pas