votre sagesse, si elle ne meurt de vos potions. Laissez donc là ce flacon, je vous en prie, et n’empoisonnez pas davantage cette pauvre enfant. Ne voyez-vous donc pas, depuis deux mois, que vos drogueries ne servent à rien ? Votre fille est malade d’amour, voilà ce que je sais, moi, de bonne part. Elle aime ser Vespasiano, et toutes les fioles de la terre n’y changeront pas un iota.
Ma fille n’est point une sotte, et ser Vespasiano est un sot. Qu’est-ce qu’un âne peut faire d’une rose ?
Ce n’est pas vous qui l’épouserez. Essayez donc d’avoir le sens commun. Ne convenez-vous pas que c’est en revenant des fêtes de la reine que votre fille est tombée malade ? N’en parle-t-elle pas sans cesse ? N’amène-t-elle pas toujours les entretiens sur ce chapitre, sur l’habileté des cavaliers, sur les prouesses de celui-là, sur la belle tournure de celui-ci ? Est-il rien de plus naturel à une jeune fille sans expérience que de sentir son cœur battre tout à coup pour la première fois, à la vue de tant d’armes resplendissantes, de tant de chevaux, de bannières, au son des clairons, au bruit des épées ? Ah ! quand j’avais son âge !…
Quand vous aviez son âge, dame Pâque, il me semble que vous m’avez épousé, et il n’y avait point là de trompettes.