Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/329

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pour quelques jours, pour un aussi long temps que vous le jugerez nécessaire ? Parlez, mon père, j’obéirai.

Maître Bernard.

Non, mon ami, tu resteras. N’es-tu pas aussi de la famille ?

Perillo.

Il est bien vrai que j’espérais en être, et vous appeler toujours de ce nom de père que vous me permettiez quelquefois de vous donner.

Maître Bernard.

Toujours, et tu ne nous quitteras plus.

Perillo.

Mais vous me dites que ma présence peut être nuisible ou fâcheuse. Quand ma vue ne devrait causer qu’un moment de souffrance, la plus faible impression, la plus légère pâleur sur ses traits chéris, ô Dieu ! plutôt que de lui coûter seulement une larme, j’aimerais mieux recommencer le long chemin que je viens de faire, et m’exiler à jamais de Palerme.

Maître Bernard.

Ne crains rien, j’arrangerai cela.

Perillo.

Aimez-vous mieux que j’aille loger dans un autre quartier de la ville ? Je puis trouver quelque maison du faubourg (j’en avais une avant d’être orphelin). J’y demeurerais enfermé tout le jour, afin que mon retour fût ignoré ; le soir seulement, n’est-ce pas, ou le matin de bonne heure, je viendrais frapper à votre porte et