Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/347

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Minuccio.

N’avez-vous jamais vu les fantoccini ? Et ne sait-on pas que celui qui tient les fils est plus haut placé que ses marionnettes ? Ainsi s’en vont deçà delà les petites poupées qu’il fait mouvoir, les gros barons vêtus d’acier, les belles dames fourrées d’hermine, les courtisans en pourpoint de velours, puis la cohue des inutiles, qui sont toujours les plus empressés ;… enfin les chevaliers de fortune ou de hasard, si vous voulez, ceux dont la lance branle dans le manche et le pied vacille dans l’étrier.

Ser Vespasiano.

Tu aimes, à ce qu’il paraît, les énumérations, mais tu oublies les baladins et les troubadours ambulants.

Minuccio.

Votre invincible Seigneurie sait bien que ces gens-là ne comptent pas ; ils ne viennent jamais qu’au dessert. Le parasite doit passer avant eux.

Dame Pâque, à ser Vespasiano.

Votre repartie l’a piqué au vif.

Ser Vespasiano.

Elle était juste, mais un peu verte. Je ne sais si je ne devrais pas pousser encore plus loin les choses.

Dame Pâque.

Vous vous moquez ! qu’y a-t-il d’offensant ?

Ser Vespasiano.

Il a parlé d’étriers peu solides et de lances mal emmanchées ; c’est une allusion détournée…