Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/389

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puisque tu l’as engagé, je ne suis plus ta reine en ce moment, je ne suis qu’une femme, qui ne veut pas être cause qu’un galant homme puisse se faire un reproche.

Elle sort.
Le Roi.

Eh bien ! à qui s’adressent ces vers ?

Minuccio.

Votre Majesté a-t-elle oublié qui fut vainqueur au dernier tournoi ?

Le Roi.

Hé, par la croix-Dieu ! c’est moi-même.

Minuccio.

C’est à vous-même aussi que ces vers sont adressés.

Le Roi.

À moi, dis-tu ?

Minuccio.

Oui, Sire. Dans ce que j’ai raconté, je n’ai rien dit qui ne fût véritable. Cette jeune fille que je vous ai dépeinte belle, jeune, charmante, et mourant d’amour, elle existe, elle demeure là, à deux pas de votre palais ; qu’un de vos officiers m’accompagne, et qu’il vous rende compte de ce qu’il aura vu. Cette pauvre enfant attend la mort, c’est à sa prière que je vous parle ; sa beauté, sa souffrance, sa résignation, sont aussi vraies que son amour. — Carmosine est son nom.