Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Poésies II.djvu/89

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XXI


De même, dans ma bourse, il ne faut qu’un écu
Qui tourne les talons, et le reste est perdu.
Tout ce que je possède a quelque ressemblance
Aux moutons de Panurge : au premier qui commence,
Voilà Panurge à sec et son troupeau tondu.
Hélas ! le premier pas se fait sans qu’on y pense.


XXII


Ma poche est comme une île escarpée et sans bords,
On n’y saurait rentrer quand on en est dehors.
Au moindre fil cassé, l’écheveau se dévide :
Entraînement funeste et d’autant plus perfide,
Que j’eus dans tous les temps la sainte horreur du vide,
Et qu’après le combat je rêve à tous mes morts.


XXIII


Un soir, venant de perdre une bataille honnête,
Ne possédant plus rien qu’un grand mal à la tête,
Je regardais le ciel, étendu sur un banc,
Et songeais, dans mon âme, aux héros d’Ossian.
Je pensai tout à coup à faire une conquête ;
Il tressaillit en moi des phrases de roman.


XXIV


Il ne faudrait pourtant, me disais-je à moi-même,
Qu’une permission de notre seigneur Dieu,