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allons tous, où vous allez vous-mêmes sans vous en douter. » — Mais il fit bien mieux en ne répondant pas.

On le croira aisément : Alfred de Musset ne songeait plus à s’engager dans les hussards de Chartres, malgré le bel uniforme de ce corps d’élite. Le public des jeunes gens et des femmes auquel il désirait plaire avait répondu à son appel. Ce n’était pas précisément pour ce public-là qu’il s’était imposé à dessein l’énorme difficulté d’écrire tout un poème en sixains à rimes triples. Mais le but plus sérieux que l’auteur s’était proposé se trouvait atteint : peu après la publication de l’article de M. Sainte-Beuve, le directeur de la Revue des Deux-Mondes s’était assuré la collaboration d’Alfred de Musset. Ce recueil littéraire, fondé depuis moins de temps que la Revue de Paris, n’avait commencé qu’en 1831 à publier deux livraisons par mois. Il avait une concurrence redoutable à soutenir et sa fortune à faire. Le jeune poète promit d’y contribuer autant qu’il le pourrait ; on m’accordera bien qu’il n’y a point nui, car son œuvre entière a paru dans cette revue.

Le 1er avril 1833, Alfred de Musset fit ses débuts à la Revue des Deux-Mondes par la publication de André del Sarto. Il avait puisé le sujet de ce drame dans les notices abrégées qui accompagnent les gravures du Musée Filhol, un des livres qu’il aimait le plus et qu’il feuilletait sans cesse. En faisant parler les