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à deux lieues de Vendôme, au confluent du Loir et d’une petite rivière, dans un lieu qu’on appelle le Gué-du-Loir. Antoine de Bourbon, comme on sait, ne menait pas une vie fort édifiante. Il quittait souvent la cour et se rendait à la Bonne-Aventure, où il donnait asile à des donzelles encore moins vertueuses que les filles d’honneur de la reine Catherine. Le secret de ces parties de plaisir fut mal gardé ; le bruit en vint aux oreilles du poète Ronsard qui se trouvait à la Poissonnière, non loin de Vendôme. Ronsard fit sur les fredaines du roi de Navarre une chanson dont le refrain était : La bonne aventure au gué, la bonne aventure ! Cette chanson satirique parcourut toute la France, et l’air en a été conservé par les nourrices[1].

Les détails qui précèdent s’adressent aux personnes curieuses de généalogie et de blason ; en voici d’autres pour les gens qui

  1. Dans les recueils de chansons populaires, on écrit de différentes manières ce refrain si connu. Pour en avoir l’orthographe exacte, il faut remonter aux couplets de Ronsard, ou savoir que la Bonne-Aventure est située au Gué-du-Loir. La chanson citée par Alceste, dans le premier acte du Misanthrope, dérive évidemment de celle de Ronsard ; mais le refrain : J’aime mieux ma mie au gué ! est un de ces non-sens complets dont la poésie populaire ne s’étonne point.