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figure si originale de Fantasio. Mais ce qui, dans cette comédie, suffit à composer tout un caractère, un type complet et le sujet même de la pièce, n’est qu’une facette de l’esprit, un des mille plis du cœur, si l’on regarde l’homme de près. L’empereur Napoléon, lorsqu’il eut une discussion littéraire avec le célèbre Gœthe, ne se trompait pas en disant que, dans une pièce de théâtre, on n’avait pas le temps de développer un caractère complexe avec toutes ses contradictions apparentes, ses nuances et ses disparates variées à l’infini, et que, pour ne pas embrouiller le spectateur, il fallait lui montrer de ces caractères faciles à saisir, tout d’une pièce et qui se manifestent au premier mot. Ce n’est que dans une biographie, après vingt-cinq ans écoulés, qu’on peut faire voir sans invraisemblance comment un seul homme a pu être à la fois le tendre Cœlio, l’épicurien Octave, le frivole Valentin, le rieur Fantasio, le passionné Fortunio et le philosophe de la Confession d’un enfant du siècle.

Un ouvrage de plus longue haleine que les amours de Perdican et de Camille avait été offert à la Revue des Deux-Mondes, où cependant il n’a jamais été inséré ; c’était le drame de Lorenzaccio. Probablement il fut trouvé trop long, ou bien on préféra le réserver inédit pour la collection des ouvrages dramatiques réunis en volumes et publiée par la librairie de la Revue[1].

  1. Un Spectacle dans un fauteuil. — Prose. Deux volumes in-8o, Paris et Londres, 1834.