Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/253

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douceur angélique et les soins dévoués de cette sainte fille nous avaient tous attachés à elle, mais elle avait pris sans y songer un empire considérable sur l’esprit de son malade, en lui laissant voir la sérénité d’âme qu’elle devait à la pratique de ses devoirs, en lui racontant avec une simplicité touchante quelques-unes des circonstances de sa vie, celles entre autres qui l’avaient déterminée à prendre le voile. Dans son zèle à seconder le médecin, elle donna des conseils à son malade sur le régime à suivre, d’abord pour la santé du corps et ensuite pour celle de l’âme. Comment refuser à une personne si pieuse et si bonne la permission de s’intéresser aux sentiments religieux de celui qu’elle venait de sauver par son dévouement ? Marcelline usa discrètement de cette permission, et ses exhortations douces produisirent plus d’effet que celles d’un docteur en théologie ; elle en reçut l’assurance et partit contente, en promettant à son malade de prier pour lui. Depuis lors, toutes les fois qu’il eut besoin de secours, Alfred demanda la sœur Marcelline ; mais, soit par hasard, soit de parti pris, on ne la lui renvoya qu’une fois. De temps à autre, à des intervalles de plusieurs années, elle s’échappa pour venir s’informer de son malade. Elle causait avec lui pendant un quart d’heure, et puis elle s’envolait. C’étaient des apparitions angéliques, malheureusement trop rares, mais qui arrivèrent toujours si à propos qu’Al-