Page:Musset - Biographie d’Alfred de Musset, sa vie et ses œuvres.djvu/262

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bonne compagnie, et, le soir après dîner, nous introduisions, dans une charade en action, le drame affreux de Pouch Lafarge, mal nourri par sa douce moitié, car c’était le moment où le public se divisait en partisans et en accusateurs de Marie Capelle.

Grâce à ce procès, il fut beaucoup question, à Augerville, de l’art d’empoisonner et des moyens de constater l’empoisonnement ; de là vint le désir de rimer le conte de Simone. En relisant les derniers vers, on y reconnaîtra de légères allusions aux débats de la cour d’assises. L’introduction révèle la préoccupation du mauvais chemin que prenait la littérature. Déjà, deux mois auparavant, l’auteur avait signalé la route déplorable où s’égarait le théâtre. Quand on revient aujourd’hui à ces pages écrites depuis si longtemps, on est frappé du caractère prophétique de tout ce qui est observations critiques sur l’état des esprits et celui des lettres. Mais, hélas ! c’est en vain que les poètes ont reçu le don de voir au delà du présent. Leurs prédictions n’ont pas tout à fait le même sort que celles de la pauvre Cassandre. On les écoute, on les admire, on s’étonne qu’ils sachent si bien dire ce que pensent les gens de goût… et puis le torrent poursuit son cours.

Au château d’Augerville, Alfred eut l’air de s’amuser comme un enfant en vacances, et cependant, au bout de dix jours, il prétexta je ne sais quelle affaire et partit. Quoique Rachel n’eût plus besoin de défen-